Hausse des droits de douane : Ineos veut « maintenir les volumes de production »

Ils sont les seuls au monde à construire un véhicule de ce calibre. Ineos Automotive à Hambach, connu aujourd’hui pour son fameux Grenadier, nous a ouvert ses portes. Production, exports, emploi… le président Philippe Steyer s’est prêté au jeu de l’interview.

L’activité de l’usine a longtemps été à l’arrêt pour des soucis d’approvisionnement. Quels sont vos volumes de production actuellement ?

« On a redémarré la production au début du mois de janvier. Là, nous allons monter en cadence jusqu’à la fin de juillet où l’on devrait atteindre à peu près les 80 véhicules par jour. Sur l’année 2025, 15 à 16 000 véhicules devraient sortir de nos lignes. C’est plus de volumes que les années précédentes. Pour ce qui est de l’avenir, ça dépendra de l’évolution des marchés, mais on s’oriente dans les années qui suivent vers les 20-25 000 véhicules ».

L’actualité du moment, c’est l’augmentation des taxes douanières avec les États-Unis. Vous êtes particulièrement concernés puisque l’Amérique du Nord représente plus de la moitié de vos ventes. Elles sont passées de 2,5 à 25 % pour l’automobile. Quelles seront les répercussions ?

« Aujourd’hui, c’est difficile de dire quel sera l’impact, mais ce qui est certain, c’est qu’il y aura un impact. Notre objectif, c’est de limiter à 5 % l’augmentation pour le client. Le reste se répartit entre nous et nos partenaires. C’est un effort collectif. Forcément, il y aura un impact sur nos marges, mais l’idée, c’est de maintenir les volumes de production pour ce marché ».

Quelles sont les solutions pour Ineos Automotive ? Se diriger vers d’autres marchés ?

« La Chine est un nouveau marché qu’on a démarré à la fin de l’année dernière. On est en train de monter en puissance sur celui-là. Aujourd’hui, on est présent sur plus de 45 marchés à travers le monde, donc oui très clairement, il faudra qu’on diversifie nos volumes de ventes sur ces différents marchés ».

Des problèmes d’approvisionnements, une conjoncture économique instable, comment un site comme le vôtre fait-il pour surmonter tous ces obstacles et assurer une certaine pérennité ?

« Le maître mot c’est flexibilité et être extrêmement agile. Cela demande effectivement de l’adaptation au niveau de nos structures, de nos coûts pour rester compétitif et viable dans notre secteur d’activité ».

Vous avez récemment signé un accord avec les syndicats sur la cessation d’activité anticipée. En quoi cela consiste ?

« L’accord a été signé par trois organisations syndicales sur quatre. Il fait suite à une négociation au moment de la cession du site en 2020, le projet Avenir. Dans ce cadre, il avait été demandé par les organisations syndicales d’envisager un dispositif pour permettre aux salariés de partir de façon anticipée à la retraite. Après un certain nombre de discussions ces derniers mois, ce dispositif va être mis en œuvre au cours de l’année 2025 et doit permettre à nos salariés avec des carrières longues de partir entre 27 et 30 mois plus tôt à la retraite ».

Vous avez récemment inauguré une biomasse sur votre site, site neutre en émission de CO2. C’est loin d’être le cas du Grenadier. C’est assez paradoxal…

« Je ne pense pas. Aujourd’hui, il y a un engagement fort du groupe, d’Ineos Automotive, en termes de neutralité carbone. On vient encore de le prouver avec notre investissement au niveau de notre centrale biomasse. On parle quand même de 15 millions d’euros investis. On était déjà l’un des premiers sites automobiles en Europe à être neutre en CO2, là on voit encore un cran plus loin et c’est en phase avec l’ADN du site depuis sa création il y a 25 ans ».

Jean MILON
Jean MILON
Rédacteur en chef adjoint de MoselleTV. Présentateur de MoselleInfo.

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