L’autorité de sûreté nucléaire (ASNR) a fait le bilan 2024 de ses inspections dans la région Grand Est, et donne ses conclusions pour Cattenom.
Un événement de niveau 2 a été constaté à Cattenom il y a quelques jours, mais il n’apparaît logiquement pas dans le bilan 2024 dévoilé par l’ASNR ce jeudi. Durant l’année écoulée, 164 inspections ont été effectuées dans le Grand Est, dont 62 dans les installations nucléaires du territoire. Au total, 8 événements de niveau 1 (dont trois dans les centrales) ont été signalés dans l’année. A Cattenom, dans la plus grande centrale de la zone de contrôle, le bilan est « favorable » en matière de sûreté nucléaire, d’environnement et de radioprotection par rapport aux demandes de l’ASNR. Un bilan légèrement plus satisfaisant que l’année dernière mais pas exempt de tout reproche.
En 2024 à Cattenom, tous les événements relevés par l’exploitant ont été signalés dans le temps imparti, soit 41 événements de niveau 0 et deux événements de niveau 1. « Il s’agissait d’une vanne sur une turbopompe de secours fermée alors qu’elle devait être ouverte ; et l’un des 4 capteurs de turbine en panne et pas détecté suffisamment rapidement », détaille Vincent Blanchard, chef de la division de Strasbourg par intérim.
Trop de produits biocides
« Les performances en maintenance sont restées satisfaisantes, grâce à une bonne organisation des interventions, une maîtrise du planning et une anticipation efficace des aléas. La prévention du risque incendie, jusque-là en retrait, est en amélioration en 2024, en particulier sur la maîtrise des charges calorifiques ; l’incendie survenu hors zone contrôlée en juin 2024, à l’origine du déclenchement d’un plan d’urgence interne, a été géré efficacement », estime l’autorité. Vincent Blanchard précise : « durant la visite décennale qui s’est très bien passée, on a pu constater que des faiblesses persistent en matière de surveillance des installations ».
En matière de radioprotection, si des avancées sont notées « dans la protection des travailleurs sur place », la centrale doit progresser « sur la maîtrise de la dispersion de la contamination » : « le CNPE est conscient de cette fragilité, des actions sont à mettre en oeuvre ».
Point épinglé l’année dernière et plutôt défavorable : la maîtrise des liquides. « Les progrès se confirment sur le déshuilage des eaux et le confinement des liquides, en revanche la consommation des produits biocides reste encore élevée, générant des rejets importants ». La centrale de Cattenom est « l’un des premiers sites en France sur ces rejets ».
1813 inspections en 2024
Que ce soit dans le nucléaire de base, ou encore les autres domaines surveillées par l’ANSR comme le nucléaire médical (des milliers d’établissements, scanners, radiographies…) ou la radiographie industrielle (30 entreprises) ou le nucléaire de proximité (comme les 220 activités industrielles et vétérinaires), c’est un bilan « globalement satisfaisant » qui est signalé. Pour autant, comme chaque année « des signaux appellent à la vigilance » dans le nucléaire médical pour Irène Beaucourt, adjointe au chef de division de Châlons-en-Champagne. La faute à un effectif en tension « notamment chez les manipulateurs radio et le recours à l’intérim, ou la mauvaise maîtrise des prestataires externes en imagerie ». Pour la radiographie industrielle, des faiblesses récurrentes persistent sur la signalisation des zones d’opération sur chantier. « Un événement a rappelé l’enjeu de cette sécurité lors de la perde de contrôle d’une source de gammagraphie à Colmar en 2024 ».
L’ASNR, fusion de l’ASN et de l’IRSN en 2025, contrôle de manière indépendante les installations nucléaires en France. Au total, elle a effectué 1813 inspections en 2024 et envoyé plus de 32 000 lettres de suite d’inspection. Son domaine de compétence s’est étendu vers les programmes de recherche, la formation mais aussi les expertises. 399 expertises ont été faites par l’IRSN et livrée à l’ASN, un domaine désormais internalisé.
