Les députés ont voté à la majorité absolue la motion de censure envers le gouvernement Barnier, qui va devoir démissionner.
« Abandon du front républicain par le Premier ministre », « incapacité à gouverner » ou « respecter les Français » : les partenaires de la coalition NFP (LFI, la gauche et les écologistes) mais aussi du RN, ont enchaîné les discours au perchoir avant de voter ce mercredi, la motion de censure. Le texte, déposé par LFI, a donc été voté par tous les députés RN de Moselle : Pascal Jenft, Kevin Pfeffer, Laurent Jacobelli et Alexandre Loubet. Dernier à passer devant ses pairs, Michel Barnier a défendu ses trois uniques mois à la tête du gouvernement, prévenant que « la réalité se rappellera à tout gouvernement quel qu’il soit » et que « tout sera plus grave et plus dur si la censure est adoptée ».
Suivant les consignes des groupes de l’assemblée nationale, Fabien di Filippo, député LR de la 4e circonscription ou encore les députés apparentés EPR Belkhir Belhaddad et Ludovic Mendes, mais aussi Nathalie Colin-Oesterlé (apparentée Horizons) et Isabelle Rausch (Horizons et indépendants), ont voté contre la motion. « Le choix de soutenir Michel Barnier, c’est le choix de la responsabilité et non du chaos » disait plus tôt Laurent Wauquiez, chef de file de la droite républicaine. Au centre, on rappelle qu’aucun bloc n’a de majorité absolue, et que seul le dialogue permettra de rassembler face à la division.
331 députés contre, et un vote historique
Au total, 331 députés ont voté en faveur de cette motion de censure, sur les 288 requis pour son application. Dès lors, le Premier ministre est dans l’obligation de remettre au président de la République la démission du Gouvernement. C’est une tempête politique historique pour la Ve République, quelques mois seulement après des législatives anticipées et la nomination, tardive, de Michel Barnier pour constituer un nouveau gouvernement. Ce dernier avait plusieurs fois critiqué un projet de budget, par exemple à l’assemblée des maires de France ou des Départements de France.
C’est aussi la deuxième fois seulement depuis 1962 et le gouvernement Pompidou, qu’une motion est adoptée. Si cette censure déposée par LFI n’était pas votée, les députés auraient eu à voter pour une autre, déposée cette fois par le RN, moins assurée de passer. Depuis 1958, 65 motions spontanées ont été déposées, mais aussi 51 « offensives », comme celle présentée aujourd’hui. Ce sont des motions de censure déposées suite à l’utilisation du fameux 49.3, l’article de la constitution qui permet au Conseil des ministres d’engager la responsabilité du Gouvernement devant les députés pour faire adopter le projet de loi de finances, fortement discuté et décrié depuis des semaines.
Michel Barnier, ovationné par le « socle commun » après son dernier discours, juste avant les 45 minutes de vote, a prévenu les risques à venir avec ce budget qui n’est, par ailleurs, pas voté : « avec cette censure, c’est une perte du pouvoir d’achat, près de 18 millions de foyers verraient l’impôt augmenter, 380 000 foyers supplémentaires seraient éligibles à l’impôt sur le revenu. Des mesures attendues n’auraient pas de financement : pas de recrutement de nouveaux policiers par exemple. » Des craintes qui n’ont pas suffit à renverser la décision, qui semblait inéluctable depuis quelques jours.