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La ville de Metz vote son budget primitif pour 2025

Le conseil municipal de Metz a voté son budget primitif pour 2025. Avec des débats qui donnent déjà le ton pour 2026.

Le budget 2025 a été tracé par la municipalité. Après le débat d’orientation budgétaire lors du dernier conseil, l’adjoint aux Finances Eric Lucas a présenté ce jeudi le budget primitif. Un budget à 246 millions d’euros, en hausse de 8,6%, mais surtout « élaboré dans la difficulté » rappelle l’élu, listant le contexte nationale et international. Côté dépenses de fonctionnement (171M€), on note une augmentation de plus de 8M notamment liée à à une progression de la masse salariale de plus de 3,5M. Les 75 millions de dépenses d’investissement sont en progression de 18% « dédiés à poursuivre les concrétisation du mandat » : la remise en état du patrimoine, la salle de gymnastique, la vidéo protection ou la transition énergétique. La principale source de la hausse des recettes de fonctionnement (+4% soit 198 M€) provient des dividendes de l’UEM (+5 millions). 

« Une dérive de la dette »

Mais c’est l’encours de la dette qui a été le plus débattu lors de cette séance. Avec un besoin d’emprunt de 22 millions d’euros, l’encours prévisionnel pour fin 2025 est porté à 137 millions (contre 124 l’an dernier). « C’est une dérive de la dette qu’on constate sous votre mandat, avec une hausse de 73% en 5 ans » critique Jérémy Roques, élu écologiste et président d’UNIS. Un chiffre d’ailleurs contesté par la majorité qui évoque une trentaine de pourcents de hausse uniquement. « Nous sommes passé de 79 M€ à la fin du mandat de Dominique Gros, à 137 M€, c’est un dérapage » rajoute Denis Marchetti (UNIS), listant une problématique : « nous avons la taxe foncière la plus élevée de la métropole alors que nous avons les dividendes de l’UEM que n’ont pas les autres communes ». Et Marie-Claude Voinçon (RN) de surenchérir : « nous sommes dépendants de l’UEM. La question se pose : comment allons-nous faire dans les années à venir ? ». Sa collègue Françoise Grolet qualifie le maire de « digne successeur du maire socialiste qui a alourdi la dette. C’est votre majorité qui s’est finalement écrasé sur le mur de la dette » alors que l’opposition avait peur de dépasser les 100 M€ sous Dominique Gros.

« Vous aviez prévu une dette de 150 M€ pour réaliser tous vos travaux, vous devriez nous féliciter » sourit Patrick Thil, adjoint à la Culture. « Si vous (UNIS) étiez à la tête de cette ville, si on suit votre projet, vous auriez 340M€ de dette en plus des 124M actuels » répond Eric Lucas. « Et votre projet ajouterait aussi des dépenses de fonctionnement alors que nos travaux génèrent des économies, comme la rénovation du parc lumineux » termine François Grodidier.

Les élus ont aussi recensé les grands projets à venir « qui sont importants pour les citoyens » : une ville plus sûre et plus propre, mais aussi attractive. Parmi les grandes enveloppes : 6 nouveaux agents de police municipale qui viennent de prendre leur fonction, 1,9M€ pour de nouvelles caméras, 6M€ de plus pour des travaux énergétiques, la transformation du Cloître des récollets, l’augmentation des effectifs de la propreté urbaine, plus de corbeilles de tri, le nouveau restaurant scolaire du Petit Bois, la fin des travaux du centre social de Borny (1,5 M€) ou sa nouvelle mairie de quartier (1,4M€).

Un bilan de fin de mandat

« Rien que les travaux de végétalisation, c’est plus de 1,4 M€, c’est plus que l’ensemble du budget espaces verts voté en 2017 », ajoute l’adjointe Béatrice Agamennone. Mais le projet du pôle gymnastique, à 7 millions d’euros, a surtout été mis à l’honneur. Un projet qui ne fait pas l’unanimité dans la forme plus que sur le fond, les opposants ayant tancé la forte communication autour de ce projet. « On se félicite de ce projet mais votre bilan s’arrêtera à ça et à la rue Serpenoise, qui a déjà mauvaise presse » constate Jean-François Secondé (UNIS). « Il aurait été plus prudent de prioriser les investissements essentiels » dit Marie-Claude Voinçon (RN). Jérémy Roques constate de son côté la hausse du budget de communication, « qui s’accélère à l’approche des élections ». Un constat aussi critiqué par ses collègues de gauche Daniel Bori et Jean-François Secondé. 

L’élu EELV a préféré soulever tous les chantiers qui n’ont pas été fait, notamment « dans l’accès à la culture pour tous » ou à la « justice sociale », et regrette « aucun projet qui nécessitait une hausse des dépenses, et très peu d’investissement durant tout le mandat. Cela s’accélère car nous arrivons aux élections de 2026 ». Des remarques qui ont amené une bonne partie de l’équipe municipale à défendre le mandat global de François Grosdidier, comme une grande répétition pour les municipales 2026 où Jérémy Roques pourrait être opposé au maire. « On affecte plus de 4/5e de notre investissement à de la remise à niveau. C’est notre responsabilité, y compris pour l’attractivité. Jean-Marie Rausch aussi avait laissé un état du patrimoine à remettre à niveau mais il avait laissé 10 fois les moyens de le faire, alors que votre mandat n’a pas laissé assez et a même creusé la dette », se défend François Grosidier. « Vous ne pouvez pas nous reprocher de ne pas assez investir tout en critiquant notre endettement ».

Aussi des projets à taille humaine

« Pas d’investissement sauf les pharaoniques ? C’est une fausse information », rétorque Patrick Thil, adjoint à la Culture. Il y avait des projets extrêmement couteux qui ont été abandonnés, oui, mais on peut dire  »heureusement », car nous avons anticipé les problématiques liés aux coûts après le confinement. Et beaucoup de projets à taille humaine n’ont pas été cités, beaucoup plus que ceux qui ont été cités. Donc non, nous n’empruntons pas pour le fonctionnement mais pour l’investissement ». Comme d’autres, il a aussi rappelé l’état de la ville en 2020 : « on avait hérité d’un tel état du patrimoine comme les écoles ou les installations sportives, il a fallu le réparer, et je ne parle pas des bâtiments historiques où on a doublé le budget d’investissement ».

Timothée Bohr, adjoint à la politique de la ville et à la jeunesse, a aussi rappelé Metz Plage, le Cap, la BAM, tous ces « petits projets ». Malgré les incertitudes, « nous continuons à développer nos quartiers, comme à Borny », se défend aussi Gertrude Ngo Kaldjop, adjointe au maire dans ce quartier. Le RN a tout de même salué les différentes décisions sur la sécurité. Grégory Dufour, conseiller municipal indépendant, a lui voté pour le budget « car tout n’est pas noir ou blanc, surtout dans ce contexte. J’encourage les choix dans la petite enfance, la sécurité ou le patrimoine. Je vous accorde un capital confiance pour l’avenir… » Après près de 3h de débats, le budget primitif a été voté sans les élus de l’opposition de gauche et du RN, à l’image du budget de la métropole, présidée par le maire. Comme annoncé au dernier conseil, aucune augmentation d’impôts ne sera demandée.

Jonathan Vaucher
Jonathan Vaucher
Journaliste Reporter d'Images / Présentateur

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