Dans le sillage de l’affaire Bétharram, une longue enquête d’ICI Lorraine révèle des agressions sexuelles commises pendant 25 ans par un prêtre à Bitche.
Alors que l’affaire de Bétharram a eu un retentissement sans précédent en France, une autre affaire similaire a été révélée dans une enquête de plusieurs mois par ICI Lorraine dans un collège-lycée catholique de Moselle, à Bitche. Pendant au moins 25 ans, l’abbé Joseph Didelon, aujourd’hui décédé, a agressé sexuellement des élèves internes de l’établissement Saint-Augustin. Selon l’enquête de nos confrères, au moins une dizaine de victimes ont été identifiées.
Dans une période comprise au moins entre la fin des années 1960 et le début des années 1990, une dizaine de victimes, majoritairement des hommes, racontent des attouchements répétés du prêtre à l’internat des 6e et 5e, alors qu’il était professeur de mathématiques. Certains racontent des actes à l’infirmerie, où le prêtre s’occupait des élèves malades, mais aussi dans sa propre chambre où il invitait les enfants. A l’image de l’autre affaire qui a fait grand bruit dans les médias, les victimes fustigent surtout les autres adultes, visiblement au courant, et qui ont mis sous silence ces agissements.
L’institution catholique a fermé en 2012. L’abbé Joseph Didelon est lui décédé en 2021 à l’âge de 85 ans. Les victimes, qui estiment ne pas être les seules, espèrent la fin de l’omerta grâce à cette révélation. Un ancien surveillant a lui même confirmé une parole verrouillée jusqu’à maintenant. Plusieurs témoins cités par ICI Lorraine ont depuis été reconnus comme victime par l’Inirr et certains ont obtenu une indemnisation financière. Dans sa lettre, l’instance avoue que « ce personnage était tristement connu ».
De son côté, l’évêché de Metz a indiqué ne jamais avoir reçu d’informations dans ce dossier lorsque le prêtre exerçait à Bitche. Monseigneur Philippe Ballot, archevêque-évêque de Metz, a réagit dans un communiqué. « Je condamne fermement ces actes totalement destructeurs et salue le courage de ceux qui ont pris la parole pour les dénoncer », ajoutant qu’il reste à disposition pour « les recevoir, les écouter et leur proposer toute l’attention et l’accompagnement qui leur sont dus. » Une cellule d’écoute a été ouverte.
Photo © Julie Seniura / ICI Lorraine