Sécurité, transports, quartiers : Grosdidier dessine le Metz de demain

A l’occasion de la conférence de rentrée, le maire François Grosdidier a dressé les grandes lignes de son action municipale.

Les thématiques sont similaires à l’année dernière (à Metz comme dans l’Eurométropole). François Grosdidier, maire de Metz, n’a pas dérogé à la règle pour sa conférence de presse de rentrée : on y a parlé grands travaux, transports et développement durable, mais surtout sécurité. Le contexte s’y prête malheureusement, avec un nouveau féminicide qui a touché la commune mercredi à La Patrotte, et un viol au centre Saint-Jacques début août. Tour d’horizon de la deuxième partie de son mandat :

Délinquance et sécurité

« Certains se demandent encore pourquoi il faut augmenter les moyens pour lutter contre la délinquance. La réponse n’est pas dans la comitologie. Les problèmes concrets se règlent par des réponses concrètes ». L’exemple du féminicide de la veille est pris : le bailleur social n’était pas au courant que la victime habitait à côté de son tueur. « Les moyens sont déployés mais c’est souvent trop cloisonné ». Il faut alors faire participer tous les domaines : logement, éducatif, judiciaire, insertion professionnelle. Et « si on ne peut pas être derrière chaque citoyen et dans chaque foyer », il faut mettre en oeuvre les solutions du terrain « que ceux qui ne sont pas sur le terrain ne peuvent pas comprendre » : « après chaque drame, c’est bien d’analyser la situation, de faire un retour d’expérience, mais ensuite il faut agir. Comment un viol peut-il durer deux heures avant que quelqu’un n’intervienne ? Il faut supprimer les zones blanches des caméras ». La réponse, pour lui, « n’est pas quantitative mais qualitative » : « ce n’est pas parce qu’il y a encore de la violence faite aux femmes qu’il faut arrêter de mettre les moyens dans ce domaine, ça veut dire qu’il faut peut-être en mettre plus, ou mieux agir ».

Et le maire de rappeler que la police municipale a augmenté ses interventions de 64% entre 2019 et 2023 avec 24% d’effectifs en plus. « Ce n’est pas forcément qu’il y a plus de délinquance mais la police avant 2020 ne travaillait pas la nuit ». Aujourd’hui, elle est doublée par une police de soutien en SUV la journée, et qui prend le relais la nuit. D’où des chiffres forts : +732% d’interventions pour nuisance sonore ou 657% de verbalisation pour alcoolémie.

Parkings et caméras

Pour les parkings, une demande a été formulée à Indigo pour mettre en place plus de caméras et de sécurité. Pour les autres parkings de la municipalité « j’ai ordonné la même chose, et la mise en place de places de parking pour femmes au plus proche des entrées/sorties comme cela se fait au Luxembourg ». Plus de caméras et plus d’effectifs, avec l’aide de l’intelligence artificielle sur la visualisation des images, comme cela se fait avec le CSU dans la ville. Pour rappel, la commune est passée de 130 à 420 caméras depuis le début de son mandat, et en ajoutera 200 de plus chaque année.

Brigade canine

Les effectifs de sécurité ont augmenté de 24% à Metz « car je n’avais pas la marge de manoeuvre pour les doubler, c’est le bon ratio que nous devrions avoir ». La commune se dote également d’une brigade cynophile. « On a constaté que sur la délinquance lié aux stupéfiants ou l’alcool, la ‘peur du flic’ n’existe pas. Par contre, quand le délinquant se fait pousser par un chien, c’est plus efficace ». Une brigade de transport métropolitaine pour 2025 permettra aussi aux agents de ne pas devoir sortir lorsque les bus quittent le territoire messin.

Les grands travaux de Metz

Cette année était l’année de « pleine possession des moyens » de la ville pour ses grands chantiers. En d’autres termes, les riverains voient le bout du tunnel et l’année à venir sera plus calme en terme de travaux. « J’assume le fait d’avoir fait beaucoup de travaux cet été pour ne pas déranger les gens à la reprise scolaire », confie le maire. Malgré cela, les animations ont fait venir « beaucoup de touristes, pour une année qui a explosé tous les records de fréquentation ». Et de lister la raison : les fêtes de la Mirabelle, Metz Plage, le parcours de la flamme, Metz’O…

Pour la Serpentine, le projet avance, et se termine même. Le grand ensemble de la rue Serpenoise, « qui ne concerne pas que les Messins mais tout le pays Messin » sera livré à l’été 2025. « Que ce soit dans les communes de l’Eurométropole ou des autres interco, la rue Serp’ c’est aussi un peu leur rue ». De quoi justifier ces longs et lourds travaux. Entre autres projets : le centre socio-culturel de Borny, le rayonnement désormais européen de Georgia Tech, le projet d’école vétérinaire, le nouvel espace gymnique (« on avait la moitié des capacités par rapport à la demande »), la piscine métropolitaine pour 2026 (« la métropole en était sous dotée »), le Pavillon de la Biodiversité pour septembre à la Cour d’or et « l’immense rénovation » de l’opéra théâtre jusqu’à fin 2027.

Enfin, un éclairage adaptatif intelligent, comme celui déjà en place au Saulcy, est à l’étude pour équiper toute la ville. Il permettrait d’éclairer les espaces seulement lorsque la lumière voit un passage humain dans son champ lumineux.

Ecoles et cantines

5,5 millions d’euros d’investissements ont été fait dans les écoles, 500 000 euros dans la petite enfance, avec comme objectif tenu la fin des gros travaux pour cette rentrée. « C’est une plaisanterie de croire que l’uniforme est notre priorité » critique le maire. « Le budget de fonctionnement des écoles c’est 22 millions, l’uniforme c’est 56 000 euros soit 0,25%. Nous allons plutôt nous concentrer sur les effectifs, ou sur les cantines scolaires » avec notamment la création d’une nouvelle cantine à Borny, le plus grand quartier qui n’en avait pas encore. « On a eu une augmentation de 25% des enfants en cantines avec le lancement du repas à 1 euro ».

On est passé de 3000 à 4000 écoliers dans les cantines à Metz. Des agents ont déjà été recrutés, pour palier à l’absentéisme. « C’est une vraie difficulté de recruter ». La mairie a donc décidé de recruter 10% de plus que les besoins pour s’assurer une présence réelle qui ne sera « pas forcément suffisante ». Cependant, « si tout le monde était là, on aura même trop d’effectif ».

Transports

« Il y a un besoin pour les transports, et un besoin pour la transition écologique. Grâce au recrutement, nous allons revenir à capacité normale à la rentrée sur le Mettis A et B. Le service était dégradé, il y a aura à nouveau un bus toutes les 2 à 3 minutes sur le tronçon commun. » Les lignes L3 et L5 seront aussi renforcées, et surtout l’extension de la ligne A vers l’hôpital Schuman est lancé pour une livraison fin 2025. Sur la ligne C, ce qui coince pour l’instant, c’est le foncier. Le projet peut se faire entre Mazelle et Sainte-Thérèse et entre Costes et Bellonte et le terminus de Marly. « Mais pour le reste, il faudra exproprier. Ce n’était pas une volonté de retarder, j’attendais juste d’être propriétaire des terrains pour débuter ». La rue du XXe Corps, qui doit permettre l’installation d’un parking silo sur la ligne C, est toujours bloqué par des problèmes fonciers autour de Auchan. Quand à la politique en terme de vélo, elle suit son cours dans toute l’Eurométropole, et le grand projet de voie sur le ring de Metz se termine.

Quartier Outre-Seille

Le but est de « faire du quartier un petit Marais ». Pour cela, il faudra réduire la crise du logement, et remplir les cellules. « Le logement vacant, c’est 2/3 conjoncturel, un tiers seulement structurel ». Pour la rue des Allemands, elle sera définitivement piétonne quand « on aura trouvé une solution pour le stationnement résidentiel des riverains ». La navette électrique de Metz a déjà vu son parcours modifié pour ouvrir le quartier « jusqu’à présent abandonné ». La mairie veut aussi refaire venir des commerçant, notamment d’art et d’artisanat, comme c’est le cas avec la nouvelle boutique Bliiida hors les murs. Mais surtout, un grand projet d’axe urbain piétonnier est annoncé : ilirait de la cathédrale à la Porte des Allemands. Pour donner une idée, François Grosdidier conseille de lever les yeux actuellement : c’est le tronçon qui est ombragé par l’installation de drapeaux argentés de Constellations. A terme, la sortie du parking Saint-Jacques sur la place des Paraiges sera supprimée pour créer une place 100% piétonne.

Des places rénovées et piétonnes

En plus de la place des Paraiges qui doit laisser plus de place aux marcheurs, d’autres places seront en travaux pour offrir des lieux de passage « plus sécurisés » et plus jolis. Ce serait le cas avec la place Saint-Thiébault. « Nous voulons faire traverser les gens, que ce soit de la gare au centre-ville ou du centre à la cathédrale ou la porte des Allemands. Pour cela il faut des places agréables et une alternative aux trottoirs trop proches des voitures ». Le but : pouvoir traverser la ville sans même emprunter les transports en commun. La place Coislin sera également refaite : destruction du nouvel hôpital pour refaire apparaître l’ancien, végétalisation du parking, et surtout réfection du passage Coislin pour créer une voie agréable entre la place du Quarteau et la place des Charrons.

Jonathan Vaucher
Jonathan Vaucher
Journaliste Reporter d'Images / Présentateur

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