Le Secours Catholique-Caritas a dévoilé son bilan sur la pauvreté 2024 et ses statistiques pour la délégation Meuse-Moselle.
Le Secours Catholique a publié aujourd’hui son rapport sur l’état de la pauvreté en France en 2024, basée sur la collecte des données auprès des acteurs sur le terrain en 2023. Une pauvreté toujours plus complexe et sous diverses formes. L’association alerte notamment sur les difficultés d’accéder à la protection sociale « face à la digitalisation des démarches administratives », provoquant une déshumanisation et un accroissement des inégalités.
Les femmes premières victimes
En 2023, Secours Catholique-Caritas France a accompagné plus d’un million de personnes en précarité dont la moitié sont des enfants. Les femmes sont les premières victimes de cette pauvreté (57%), notamment dans les familles monoparentales. Encore plus dans la délégation Meuse Moselle (65,6%) Même si l’association constate un vieillissement de la population concernée, la pauvreté touche aussi les plus jeunes : 35% des personnes accueillies ont moins de 15 ans.
Au niveau socio-économiques, la population accompagnée a souvent un emploi précaire, comme un temps partiel ou un CDD, mais aussi une inactivité grandissante (retraite, contraint à garder les enfants ou inactif pour raison de santé). 95% des ménages vivent sous le seuil de pauvreté. Enfin, « la situation des personnes étrangères reste extrêmement précaire ». En 2023, un quart des personnes accueillies étaient sans ressources, un chiffre record, avec un niveau de vie médian de 555 euros par mois et par ménage en France, 752€ en Meuse-Moselle. « Cela peut s’expliquer par la part des étrangers en attente de droit sans aucune ressource qui est beaucoup plus faible ici ».
« La solidarité s’éloigne »
En Moselle, l’association a accompagné en majorité des hommes seuls (39%) ou des mères isolées (22,7%), en forte augmentation par rapport à 2022. Les femmes seules sans enfants sont en large baisse (de 29,9 à 14,4%). Dans sa globalité, les personnes accueillies sont pour moitié des femmes (49%) et en majorité des jeunes entre 25 et 39 ans (32,5%). L’âge médian est de 44 ans. Pour la délégation Meuse-Moselle, 3000 fiches statistiques ont été établies sur 5884 dossiers accompagnés. 45 équipes avec 950 bénévoles ont participé à ce rapport. La délégation rappelle également qu’il n’y a « pas de pognon de dingue dépensé pour les pauvres », le secteur ne représentant que 3,9% des dépenses pour la protection sociale.
Cette année, le Secours Catholique a voulu mettre l’accent sur l’accès à la protection sociale. « Un parcours du combattant » selon l’association. « La solidarité s’éloigne », explique-t-on. « Il y a une fracture numérique, une déshumanisation et peu d’accompagnement ce qui amène à un isolement ». Au niveau national, 6 ménages sur 10 évoquent « un accident de la vie » (séparation, perte d’emploi, maladie) pour expliquer la venue au sein de l’association. Le recul de l’accès à certains droits est, entre autres, un résultat du « durcissement des critères d’éligibilité concernant le minimum vieillesse, les allocations chômage ou le RSA ». Le Secours Catholique plaide ainsi pour « humaniser la protection sociale » en défendant un minimum garanti décent (minimum vital, revalorisation du RSA et indexation sur le SMIC) et en simplifiant les démarches. A Borny, un atelier par semaine permet justement d’être accompagné sur l’administratif en ligne : 25,5% des demandes d’accompagnement sur place sont liés aux démarches, contre 13% à l’échelle de la France.