Un échange tendu sur la politique familiale a opposé un député LFI et Fabien Di Filippo sur les réseaux sociaux.
L’extrait d’une intervention en commission des affaires sociales, publié sur X par le député LFI et vice-président Hadrien Clouet, a rapidement fait parler de lui avec plus de 50 000 vues et des centaines de likes et de partages. Autour de la table, le député LR de Moselle Fabien di Filippo y « explique littéralement, sans trucage, que les femmes ne sont que des ventres à bébé », fustige son collègue à l’assemblée nationale. Dans les images, on entend le Sarrebourgeois expliquer : « quand j’entends dire que les ventres de femme ne sont pas des machines à faire des bébés pour équilibrer les comptes sociaux, je ne peux pas masquer une certaine incompréhension ».
Mentionné dans le message, le député a très vite répondu publiquement que le passage a été tronqué, critiquant « l’arroseur arrosé ». Contacté, le député confirme un « faux débat » et une « manipulation » alors qu’il citait « l’expression de son collègue (LFI) Louis Boyard juste avant ». L’intervention complète a d’ailleurs été diffusée par l’intéressé dans la foulée. Explications : lors de cette séance du 19 février, les députés débattent d’une proposition de loi MoDem « visant à simplifier et réorienter la politique familiale vers le premier enfant ».
Réponse à Louis Boyard
Quelques minutes plus tôt, Louis Boyard, député LFI, prend la parole pour annoncer que son groupe votera contre. « Notre système est daté d’une vision nataliste de la société, il repose sur le versement des allocations sur le 2e enfant seulement ». Pour « redonner du pouvoir d’achat » aux familles et leur permettre d’accueillir un enfant confortablement, il milite pour la suppression de la modulation en fonction du revenu et le versement des allocations dès le premier enfant. Terminant ses propos par cette expression : « les ventres de femmes ne sont pas des machines à faire des bébés pour équilibrer les comptes sociaux ».
« Le réarmement démographique n’est pas un gros mot »
Peu après, Fabien di Filippo attaque alors ses opposants et fait part de son incompréhension sur la formule, « d’autant plus pour quelqu’un qui défend la retraite à 60 ans » et « met en place des droits à la paresse ». Bref, le député de Moselle critique l’utilisation d’une autre partie de la population pour faire ce qu’il dénonce. Constatant que le système social français instauré après guerre est sur base d’une famille avec 4 enfants, le pays doit passer par un « réarmement démographique » : « et donc ce n’est pas un gros mot, ce n’est pas une instrumentalisation des femmes de promouvoir des projets familiaux, ou de vouloir les favoriser, tout cela est fort bienvenue ».

Le député LR n’a pas donné d’orientation de vote mais met tout de même en garde : « si l’on rentre dans des modes de calcul forfaitaires, le seuil du 3e enfant qui excède le renouvellement démographique et qui permet à un peuple de croitre et assurer la pérennité de nos systèmes sociaux à long terme, ne doit pas être la victime de nos décisions aujourd’hui ».
Cette controverse intervient dans un contexte où les questions démographiques et les politiques familiales sont au cœur des débats politiques en France. Le vieillissement de la population et la baisse du taux de natalité posent des défis majeurs pour l’équilibre des systèmes de protection sociale. En janvier 2024, le président Emmanuel Macron a évoqué la nécessité d’un « réarmement démographique » pour contrer la baisse du taux de natalité en France, qui est passé à 1,83 enfant par femme.
Crédit photo : Ludovic Marin / AFP