Département : un budget entre prudence et action pour 2025

À l’occasion de la première réunion trimestrielle du département de la Moselle, le budget est débattu dans la feuille de route 2025.

C’était la 1ere « RT » de l’année pour le département. Dans l’amphithéâtre du bâtiment quai Paul Wiltzer (en attendant la fin des travaux dans les locaux habituels), le président a traditionnellement ouvert avec ses voeux pour la nouvelle année. Des voeux notamment pour les agriculteurs et « nos voisins mahorais » (le conseil annonce par ailleurs une aide exceptionnelle de 50 000 euros pour Mayotte) après avoir respecté une minute de silence pour les victimes de la Déportation, 80 ans après la libération d’Auschwitz.

Au programme de cette RT, l’orientation budgétaire du département. Des discussions qui avaient été repoussées à cause de cette « crise permanente en France » et les changements de gouvernements. Le budget devrait être présenté en mars avec toujours la même problématique : continuer à investir avec des dépenses qui ne peuvent être réduites, des charges qui augmentent et l’absence du levier d’impôt direct. Malgré tout, un chiffre a été « sanctuarisé » : 25 millions d’euros de soutien aux collectivités locales, une somme qui n’a pas bougé « depuis mon arrivée à la présidence et qui ne bougera pas ». Sans ce soutien, « de nombreux projets n’auraient jamais vu le jour » et son maintien « assure stabilité et proximité » pour les Mosellans. « On va désormais discuter pour savoir quel type d’équipement on va continuer à subventionner ou non ». Une réflexion est en cours avec les intercommunalités et les fédérations des maires et maires ruraux.

Interroger chaque dépense en 2025

Dans le nouveau projet de loi finances du gouvernement, on note une baisse de la pression sur les épaules des départements. De 5 milliards d’euros d’économie demandées, c’est 2,2 milliards qui sont désormais sur la table. « Dont 1 milliard pour les seuls département, ce qui fait 44% des coupes imposées aux collectivités. C’est insupportable et inacceptable ». Soit 20 millions pour la Moselle. Les paramètres restent cependant flous. Et sur les modalités, Patrick Weiten se refuse d’un côté à « foncer vers une faillite déjà promise à d’autres », ni à « sabrer massivement et aveuglement » dans « nos compétences obligatoires ». Le président prône une troisième voie, celle « d’interroger chaque dépense, questionner chaque mission et avoir une gestion prudente, éclairée et ambitieuse » pour 2025.

L’état demande 1 milliard d’économie aux départements, c’est insupportable et inacceptable

Une année résumée en trois mots clés : prudence, action, et avenir. Le département, c’est 885 millions d’euros de dépenses de fonctionnement en 2025, soit 2,6% de hausse (+23M€) principalement liées à l’augmentation des dépenses de solidarité (petite enfance, vieillesse, handicap…), « des dépenses incompressibles » et avec lesquelles « nous ne transigeront pas ». La Moselle va aussi augmenter de 5 millions son aide au SDIS 57, après déjà une hausse de 2,6 millions en 2024. Les recettes de fonctionnement sont aussi en hausse (+ 20M€) à 932 millions, grâce à la stagnation des DMTO (les « frais de notaire »). D’ailleurs, 10 des 50 millions de réserve de fonctionnement acquise grâce à ces mêmes frais sont prélevés pour 2025.

2025 sera donc une année de poursuite des investissements malgré une incertitude globale. La dépense en investissements est en baisse à 121 millions d’euros, répartis notamment entre les équipements (37 M€), la voirie (36,5 M€) ou les collèges (35,9 M€). De ce côté, on note la fin des travaux à St Avold et Stiring-Wendel et le début à Remilly et Cattenom. Le PPI Collèges lancé en 2010 avait prévu un budget de 162 millions pour 10 sites, un plan qui a vu sa facture exploser. Quant à l’encours de la dette, il augmente d’une douzaine de millions à 573 M€ en 2025.

Moselle Cap 2050

Patrick Weiten a aussi tracé la route de Moselle Cap 2050, son grand projet déjà présenté lors de la cérémonie des voeux du département. Des grands projets démarrent dès maintenant pour le territoire avec plusieurs groupes de travail. A commencer par le programme habitat qui vise à réhabiliter 48 000 logements vacants en Moselle, « principalement en Moselle nord, Moselle est et dans la ruralité ». Autres projets dès 2025 : la maison départementale de la santé dont le lancement sera décidé en mars ; le plan d’héritage de Paris-2024 avec des actions pour soutenir les bénévoles, le sport santé, la vie associative ; le contrat avec le plan état-région en terme de mobilité (VR52, A31bis, aéroport de Lorraine) et surtout les projets économiques et écologiques de Moselle.

Contrôle du bilinguisme
Le conseil a aussi pris connaissance d’un rapport initié par la Chambre régionale des comptes sur le bilinguisme et l’apprentissage de la langue allemande dans le département, qui finance plusieurs actions du primaire à l’université. Malgré la baisse de la pratique dans le second degré ces dernières années, comme dans le reste de la France, deux collégiens sur trois pratiquent l’apprentissage de la langue en Moselle. Avec le travail frontalier, autant luxembourgeois qu’allemand, le conseil souhaite suivre le parcours des jeunes après l’élémentaire et avoir un état des lieux « de ce que cela produit, qui continue au lycée et après ? »

Le président a annoncé vouloir faire du département une « terre d’énergies » après une terre de jeux. Et de lister les projets qui vont opérer une « mutation de notre territoire et un renouveau de la Moselle » : le permis de construire d’Holosolis qui vient d’être signé, le dossier de l’hydrogène blanc qui n’attend que de « convaincre l’état de la nécessité de soutenir le développement d’une industrie décarbonné », la transformation de la centrale Emile-Huchet, le projet CarlHYng et une réflexion attendue sur « l’exploitation à l’échelle départementale de ces grands bassins d’eau qui ne demandent qu’a être pompés ». Cap 2050 c’est « une boussole pour nos politiques. Cela imposera de l’audace et de la continuité ».

En attendant, 2025 sera aussi une année de grands rendez-vous avec notamment la présentation du guide Michelin le 31 mars, ou le 75e anniversaire de la déclaration de Robert Schuman le 9 mai. Emmanuel Macron y a été invité.

Jonathan Vaucher
Jonathan Vaucher
Journaliste Reporter d'Images / Présentateur

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