Hugues Briot travaille dans le milieu bancaire. Quand il n’est pas en costume, ce Mosellan de 58 ans enfile ses runnings pour parcourir des dizaines de kilomètres. Dimanche, le coureur originaire de Jury devait participer au Marathon de Nantes, malheureusement reporté à cause de la pandémie de coronavirus. Pas question d’annuler son marathon : Hugues a parcouru les 42 kilomètres sur tapis et dans son lotissement, à Jury. Cerise sur le gâteau, un don pour l’association Docteur Sourire. Entretien.
Ce marathon effectué une bonne partie sur tapis, c’est un peu de la folie, non ? D’où est venue cette idée ?
Je suis un peu fou pour faire de longues distances. Sur tapis, quand on court une certaine durée, il faut être fort mentalement. Je savais que j’en étais capable. Si vous courez trop longtemps sur un tapis, le moteur chauffe. Alors j’ai fait 1h sur le tapis à une vitesse intéressante. Ensuite, j’ai couru 1h dans mon lotissement, à Jury, en respectant le confinement. J’ai croisé quelques personnes de loin, dont le maire. Au bout d’une heure, je suis arrivé pile poil devant chez moi. Enfin, j’ai fait les 21 kilomètres restants sur mon tapis. J’ai mis 3h58 (3h58’28 ») en cumulé, sans compter les pauses pour changer de lieu. C’est la distance qui me plaît. J’aime courir pour courir, pas pour aller chercher une récompense.
« Il y a ce fameux mur après 30 kilomètres,
où ça devient nettement plus dur. »
Comment s’est passé la course ?
Un marathon, c’est toujours difficile. C’était dur, mais pas comme sur route. D’ailleurs, sur un tapis, le sol est moins dur. C’était plus compliqué pour les 7 derniers kilomètres. Il y a ce fameux mur après 30 kilomètres, où ça devient nettement plus dur.
En tout, vous avez fait les trois quarts de la course sur tapis. Le temps devait paraître long. Comment fait-on pour tenir le coup ?
Ca m’arrive de courir 24-25 kilomètres d’un coup sur le tapis. Depuis le confinement, j’ai levé le pied mais je continue à courir entre 45 et 55 kilomètres toutes les semaines. Je suis inscrit à une course virtuelle assez sympa : la route 66. Il faut faire plus de 3600 kilomètres en 18 mois, sur tapis ou sur route. Pour être dans les temps, je dois faire 47 kilomètres par semaine. J’adore les États-Unis alors je me suis dit « tiens, je vais faire la distance la plus longue ». Du coup, pour tenir, mon tapis est à l’extérieur, à l’ombre. Je mets de la bonne musique : j’écoute RTL et RTL2. J’adore le rock, la pop, ça me rappelle des morceaux d’il y a quelques années. Je me concentre et j’y vais. C’est sûr que si vous courez sur un tapis dans une pièce, vous êtes vite démoralisé. Dehors, c’est plus sympa. Pendant que je cours, je pense à plein de choses sans penser à certaines choses, je suis concentré sans l’être… Je souffre pendant 4h mais tellement de personnes souffrent du virus aujourd’hui, des soignants font des journées pas possibles… J’ai pensé à ça par moment.
Ce marathon, c’était aussi pour la bonne cause puisque vous avez fait un don à l’association Docteur Sourire.
J’ai aussi pensé à la cagnotte pendant la course. C’est pour la bonne cause, pour que les enfants en pédiatrie aient des professionnels du divertissement qui viennent leur rendre visite. Ma compagne Valérie devait faire la Course des Eléphants le samedi soir (10 kilomètres) et je devais faire le Marathon de Nantes le dimanche matin. Elle a couru samedi ses 10 kilomètres et moi j’ai fait le marathon dimanche, comme prévu. On avait convenu qu’on transformerait les kilomètres parcourus en euros sur la cagnotte. Finalement, on a fait un don de 70 euros.
« Si dans 15 jours, un autre challenge
se présente, je pourrai le faire. »
Deux jours après, comment vous sentez-vous ?
D’habitude, j’ai mal aux jambes, mais là, le fait d’avoir couru en partie sur tapis, je n’ai pas mal aux jambes et je marche correctement. Je réfléchissais même ce matin à aller courir ce soir, mais j’irai demain. Si dans 15 jours, un autre challenge se présente, je pourrai le faire.
Quand vous n’êtes pas confiné, vous faites partie d’un club ?
Je suis inscrit à l’Ecole du Marathon, de Laurent Léger. On court tous les mardis soirs et vendredis soirs à 19h, et les dimanches matins à 8h30. On se donne rendez-vous devant la patinoire de Metz.
Propos recueillis par Florian Tonizzo