Cette Ukrainienne témoigne de la situation dans son pays

Trois ans jour pour jour après le début de l’invasion russe en Ukraine, la présidente et fondatrice de l’association ELU, Violeta Moskalou, dresse un état des lieux de la situation et de la mobilisation en Moselle et en Ukraine.

Dans le local de l’association Échanges Lorraine Ukraine (ELU), situé dans le quartier de Metz-Nord, Violeta Moskalou nous accueille. Tout de rouge vêtue, l’ukrainienne est la présidente et fondatrice de l’association. Créée en 2004, l’organisme a pris une nouvelle ampleur depuis le début de la guerre. Tasse de café à la main, Violeta Moskalou explique l’investissement de son équipe de bénévoles. S’exprimant dans un français impeccable, elle souligne son dévouement à soutenir son pays d’origine ainsi que les réfugiés, à travers des actions de solidarité et d’insertion.

Une Ukraine soudée et engagée

Arrivée en France en 2000 dans le cadre d’un programme universitaire entre Metz et Tchernivtsi (une ville multiculturelle du sud-ouest de l’Ukraine, jumelée avec Metz depuis 1 an), Violeta Moskalou connaît bien les enjeux de l’intégration des Ukrainiens en Lorraine. Doctorat en gestion en poche, elle a enseigné à l’Université de Lorraine avant de travailler sur des projets pour la Commission européenne en Ukraine. Depuis 2022, elle est Maître de Conférences Associée. Aujourd’hui, elle insiste sur la détermination des Ukrainiens réfugiés en France.

« Les ukrainiens ne viennent pas pour profiter du système. »

Les réfugiés sont déterminés à réussir témoigne Violeta : « Les ukrainiens ne viennent pas pour profiter du système. Ils apprennent le français, utilisent les transports en commun, s’intègrent et veulent travailler. Beaucoup aspirent à rentrer en Ukraine dès que la situation le permettra ».

Si certains envisagent un avenir en France, une grande majorité espère retrouver leur pays d’origine. Parmi les réfugiés, de nombreuses femmes et enfants, les hommes étant restés au front. L’intégration est parfois difficile, surtout pour les personnes vulnérables (malades, handicapés, familles monoparentales). Alors, l’association œuvre pour favoriser leur insertion, notamment grâce à des relations avec des entreprises de Moselle comme Carrefour à Mondelange, qui a déjà embauché sept à huit Ukrainiens.

Un club francophone pour faciliter l’intégration

Au sein de l’association, un club francophone a été mis en place pour aider les Ukrainiens à apprendre le français. Animé par des bénévoles qui, sans être enseignants de formation, leur apprennent les bases de la langue française. Cela permet aussi un véritable accompagnement social.

Les cours sont organisés du lundi au vendredi, avec 3 groupes de niveaux et peuvent durer 3H. Certains débutent tout juste avec l’alphabet, alors que d’autres travaillent déjà la conjugaison.

Le club accueille des participants de tous âges et milieux socio-professionnels, même si ce sont principalement des mamans. L’objectif est clair : leur permettre de gagner en autonomie, de trouver un emploi et de s’intégrer.

Un engagement humanitaire toujours important

Depuis 2022, ELU a collecté plusieurs centaines de milliers d’euros pour financer l’aide humanitaire : 186 000 € en 2022, 165 000 € en 2023, 135 000 € en 2024 dont 52 000 € en dons financiers.

Des chiffres en baisse, mais qui restent encourageants : « Pour 2025, nous comptons sur nos réseaux, notamment d’entreprises, pour poursuivre l’effort », affirme Violeta Moskalou. L’objectif est de financer l’envoi de huit à dix camions d’aide humanitaire cette année, contenant du matériel médical, des produits de première nécessité, des médicaments, des générateurs électriques et des couvertures. Chaque convoi coûte environ 4 200 €.

À la réception, en Ukraine, ce sont des associations locales partenaires, souvent soutenues par des bénévoles français. Ils assurent la distribution de ces aides sur place.

Une boutique pour soutenir l’Ukraine

Depuis septembre 2024, ELU a ouvert une boutique solidaire à Metz (112 rue des Allemands). Le but : vendre des produits ukrainiens (textile, confiseries, miel, goodies) pour financer les activités humanitaires. Mobilisant surtout des étudiants et des stagiaires, la boutique est ouverte du mercredi au samedi et contribue à maintenir une solidarité.

Une inquiétude sur la politique internationale

Alors que la guerre se poursuit, l’avenir de l’Ukraine reste incertain. Entre les relations de proximité de Donald Trump avec Vladimir Poutine. D’autant plus avec les récentes déclarations du président américain qui qualifie Volodymyr Zelensky de « dictateur sans élections », Violeta Moskalou s’inquiète.

« L’Europe est-elle en danger ? »

La présidente de l’association ELU est alarmante face aux récents évènements : « Même si parfois on peut être critique vis-à-vis de Bruxelles, que se passera-t-il si Moscou impose sa loi ? L’Europe est-elle en danger ? »

Les Ukrainiens réfugiés sont anxieux quotidiennement. Dans le local de l’association, devenu un véritable « cocon » pour la communauté, une exposition intitulée « Maman, je ne veux pas la guerre » présente des dessins d’enfants polonais pendant la Seconde Guerre mondiale et ceux d’enfants ukrainiens aujourd’hui.

Mobilisation à Metz pour les trois ans de la guerre

Ce samedi 22 février, plusieurs événements sont organisés à Metz pour marquer les trois ans du conflit. À 11h, Place d’Armes, il y aura une manifestation et une marche solidaire, suivit à 14h par une Assemblée générale avec des élus. Pour conclure, à 16H, un spectacle à l’Agora avec le vétéran ukrainien Serghiy, connu sous le nom d’artiste Tin’ Sontsia (Ombre du Soleil).

Toute l’actualité du département de la Moselle à suivre en direct sur Moselle TV.

Mattéo Philipp
Mattéo Philipp
Journaliste Reporter d'images

plus de contenus du même auteur

Nos derniers reportages