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Témoignage : Yannick Dekoun (Sarreguemines FC) : « Attraper le coronavirus, c’était presque inévitable »

Série – Comment les sportifs mosellans s’entraînent pendant le confinement ?
En cette période de confinement, les sportifs mosellans sont contraints de s’adapter pour s’entretenir physiquement. Les problématiques sont presque identiques dans tous les sports : pas d’accès aux structures, report des compétitions, absence de date de reprise…Pour le septième épisode de notre série, rencontre avec Yannick Dekoun, capitaine de Sarreguemines (Foot/National 3), ambulancier et atteint du coronavirus à la fin du mois de mars. Le milieu de terrain défensif des Faïenciers nous raconte son confinement et sa convalescence.

Pour commencer, comment allez-vous, ça va mieux ?

Je ne suis plus alité, je vais mieux. Attraper le coronavirus, c’était presque inévitable. Quand vous le côtoyez de près, à un moment donné… Je l’ai eu il y a trois semaines, à la fin du mois de mars. J’ai tout eu : fièvre, courbatures, perte de goût, perte d’odorat, vomissements… Tout, sauf les difficultés respiratoires. J’étais alité pendant dix jours. Là, j’ai un peu récupéré, mais je me sens encore fatigué. C’est le contrecoup de la maladie. Je reprends le travail à la fin du mois d’avril.

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Avant de tomber malade, vous étiez en première ligne pendant cette crise. Comment l’avez-vous vécue ?

Dès le début du confinement j’étais de garde au centre 15 du Samu. Ce sont des postes de 12h, on faisait que ça : des personnes contaminées, des personnes susceptibles d’être contaminées. C’était le début, il y avait énormément de cas. C’est difficile à vivre sur le plan psychologique. Ça fait peur. Quand je le voyais à la télé, je n’avais pas spécialement peur. Mais face à une personne malheureusement contaminée, une fois que j’avais fait mon travail, ça faisait bizarre. Je me disais que ce n’était pas qu’à la télé, c’était devant moi, puis en moi par la suite. J’ai l’impression que les gens ne sont pas assez responsables. Tant que ça ne nous arrive pas, on n’est pas assez responsable. Sauf qu’il faudrait l’être sans que ça nous arrive. C’est malheureusement souvent comme ça pour tout le monde.

« Concrètement, à l’heure actuelle,
c’est difficile d’avoir la tête au football. »

Côté foot, la nouvelle est tombée aujourd’hui, la saison est officiellement terminée et vous êtes malheureusement relégués en Régional 1. Arrêter la saison au dernier match joué, c’était la meilleure solution ?

Déjà, je m’attendais à cette décision, c’est une certitude. En voyant le désastre de ce fichu virus, je trouve que c’est tout à fait logique. Personnellement, je trouve qu’il n’y a pas vraiment de bonne solution. Comment gérer cette situation inédite ? C’est compliqué. Arrêter le championnat quand il reste encore 7 ou 8 journées, forcément, c’est frustrant pour nous, surtout quand on est dernier. On est des compétiteurs, un match, ça se joue sur le terrain pendant 90 voire 95 minutes. Là on ne peut rien y faire. Dans notre position, c’est vraiment frustrant parce qu’on a plein de contre-arguments. Par exemple, même si une saison blanche est vraiment injuste, nous, dans notre cas, ça nous aurait sauvé. Avec du recul, c’est triste pour mes coéquipiers, le staff. On a un bon groupe, de bons joueurs, ils ont bossé à l’entraînement, on était dans les meilleures conditions possibles. C’est difficile de se dire qu’on va jouer au niveau inférieur. Mais bon, des personnes sont là pour prendre des décisions, il faut l’accepter, c’est le football. Concrètement, à l’heure actuelle, c’est difficile d’avoir la tête au football. Par rapport à mon travail, ma famille, le contexte actuel… C’est tellement irréaliste ce qu’il se passe en ce moment.

Maintenant que vous n’êtes plus alité, vous avez repris une activité physique ?

Sans mentir, ma femme est vraiment à fond dans le sport. D’habitude, je faisais une séance tous les deux ou trois jours avec elle grâce à des vidéos sur internet. Là, j’ai repris mardi avec un peu de renforcement musculaire et un peu de marche, pour voir si je n’avais pas de mal à respirer. Mais bon, au bout de cinq minutes, j’étais cuit (rires). Après plus de vingt-cinq jours sans rien faire, c’est normal. Mais le virus m’a fait du bien : j’ai perdu 5 kilos ! Je suis fit on va dire (rires).

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Propos recueillis par Florian Tonizzo

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