Saarstahl Rail et SNCF Réseau signent un contrat à un milliard d’euros

SNCF Réseau et le groupe sidérurgique implanté à Hayange ont signé un contrat fructueux sur quatre ans minimum afin de livrer du rail bas carbone.

En bref :
– 800 emplois préservés
– 1,5 tonne de rails bas carbone produits pendant la durée du contrat de quatre ans + deux en option
– Un contrat à 1,3 milliard d’euros
– Une réduction de 70% des émissions de CO2 (200 000 tonnes par an)
– 50 000 tonnes d’acier de vieux rails revendus à Saarstahl chaque année
– 2000 à 2500 km de rails fournis chaque année à la SNCF

C’est ici, dans l’usine Saarstahl d’Hayange, qu’une tonne et demi de rails verts seront produits pendant quatre ans minimum et deux autres en option. Un contrat à plus d’un milliard d’euros signé ce vendredi matin sur le site mosellan, entre la SNCF, le gouvernement et l’usine mosellane, devant les responsables, les députés et sénateurs de Moselle, les élus locaux et les deux ministres venus sur place. « Cela n’a pas été un long fleuve tranquille et cela donne raison aux salariés et représentants du personnels, qui se sont battus pour sauver l’usine d’Ascoval dans le Nord et m’ont convaincu qu’il y avait une issue », rappelle Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, accompagnée de Philippe Tabarot, ministre chargé des transports.

L’indépendance de la France

Un pari pour Ascoval mais aussi l’usine d’Hayange, située dans le bassin touché par la crise sidérurgique et qui a beaucoup souffert après plusieurs reprises infructueuses avant l’arrivée de Saarstahl. Un deal « autant économique qu’écologique » concède Matthieu Chabanel, PDG de SNCF Réseau. « C’est la transition écologique qui a sauvé ces deux sites, appuie la ministre. C’est dans le temps long qu’on arrive à réindustrialiser un pays. C’est parce que Ascoval a créé pour la première fois des produits jamais faits, et que Hayange les a utilisé, qu’on a créé cette différence compétitive. » Et de rappeler aussi la volonté d’indépendance de la France sur ce marché : « Nous sommes dépendants à 99,7% sur la fourniture de métal. Les ressources sont en train de devenir plus rares, ça va être une guerre pour accéder aux ressources les plus essentielles comme l’énergie, l’eau ou le métal. Il nous appartient de construire cette souveraineté, et ça passe par la transition écologique. »

L’usine de production de rail est désormais leader en Europe, « c’est un savoir-faire unique, et ce rail est français, c’est très important pour nous » ajoute Dominique Chiesura, directeur commercial de Saarstahl Rail. Le rail bas carbone est fondu à Ascoval avec des anciens rails déposés et recyclés de la SNCF, puis envoyé sous forme de blooms pour être laminé en Moselle.

Economie circulaire

Ce process permet de réduire de 70% les émissions de CO2 par rapport à la méthode traditionnelle, soit 200 000 tonnes par an. « Nous sortons d’un ancien marché de 8 ans pour livrer 1,2 million de tonnes de rails pour plus d’un milliard d’euros. Mais, in fine, on a pu remplir nos engagements, notamment pendant les JO », détaille le directeur commercial qui considère ce marché comme le grand initiateur du rail vert et de la décarbonation. Le groupe fourni aujourd’hui « la majorité des rails sur les lignes à grande vitesse du pays ». L’économie circulaire mis en place par la SNCF, c’est 150 000 tonnes d’acier retirés chaque année du réseau pour être revendus comme matière première. Un tiers est envoyé directement à Saarstahl pour fabriquer les nouveaux rails.

Rajeunir le réseau

Pour la SNCF c’est aussi l’occasion de continuer à rajeunir son réseau, très vieillissant et qui souffre par endroit de problèmes lié à son âge moyen, 30 ans. Plus d’un dixième du réseau est même en fin de vie. 1600 chantiers majeurs sont prévus sur tout le réseau ferroviaire et le contrat signé avec l’usine permettra de fournir entre 2000 et 2500 km de rails par année, soit plus de 80% des achats de la SNCF. Un contrat « win-win » avec Hayange puisque les besoins de SNCF Réseau représentent aujourd’hui un tiers de l’activité de l’usine en Moselle.

Un contrat qui permet aussi de « maintenir près de 800 salariés et de poursuivre nos investissements depuis le rachat », met en avant Nadine Artelt, directrice de l’usine. « Jusqu’à maintenant on a investi plus de 30 millions depuis 2021 ». Dans l’usine cette année, 300 000 tonnes de rails vont être produits, et les ouvriers vont « devoir faire des heures supplémentaires » là où le chômage partiel était encore légion il y a quelques années. Un succès à la française… avec un petit accent allemand tout de même.

Jonathan Vaucher
Jonathan Vaucher
Journaliste Reporter d'Images / Présentateur

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