Le département vote une rallonge budgétaire pour faire face à la hausse des dépenses sociales, tout en dénonçant le désengagement financier de l’État.
Budget et social à nouveau au menu de la 3e réunion trimestrielle du Conseil départemental de Moselle. La dernière hors les murs, en raison des travaux à Metz. Au TRAM de Maizières-lès-Metz, l’assemblée départementale devra voter cette semaine une première rallonge budgétaire pour cette session, « qui amènera à une deuxième et une troisième sans doute, comme chaque année, pour ajuster notre budget », précise Patrick Weiten.
Mais les comptes sont sains. Cette décision modificative sera financée par « notre gestion financière rigoureuse qui nous a permis de dégager plus d’argent que prévu sur le résultat, un peu de la dette, et quelques réserves générées par les DMTO ». Le département va donc réattribuer 11 millions d’euros, autant en dépense de fonctionnement que d’investissement. Le tout dans un contexte de restriction depuis plusieurs mois, « et un budget voté tardivement, seulement en mars », suite aux atermoiements du gouvernement sur le volet budgétaire du pays.
« Nous ne serons jamais une agence de l’Etat »
Dans son discours d’introduction, le président a une nouvelle fois fustigé les décisions prises par les responsables du pays : pas assez de dotations de l’État, toujours plus de charges, notamment dans des domaines qui ne peuvent être rabotés (petite enfance, personnes âgées, handicap), et « impossibilité de lever l’impôt » pour la collectivité.
« La vie républicaine repose en grande partie sur les épaules du Département et des collectivités territoriales, pas sur les circulaires ministérielles détachées du réel. » En 2024, la Moselle a dépensé 10 % de plus dans le social, soit 40 millions d’euros à absorber. « Et en 2025, ce sont 8 millions d’euros de ponctions supplémentaires sur nos ressources envisagées par l’État. » Pour le président, c’est un signe de « recentralisation » à rebours de la proximité et de la représentation démocratique. « Nous ne serons jamais une agence de l’État », clame-t-il. Il devrait réitérer ses propos mercredi lors de l’assemblée générale des Départements de France.
Mais la bonne rigueur du département sur ses finances se fait sentir. Dans son rapport d’activité 2024, le Conseil a également pris connaissance du compte administratif de l’année écoulée : un peu plus de 1,075 milliard d’euros de dépenses totales exécutées, soit un taux d’exécution (hors reprise du déficit) de 84 % du total voté. Côté recettes, 1,4 milliard a été réalisé, soit 94 % (hors reprise du déficit). Enfin l’épargne brute s’établit à 66,1 millions d’euros. « Au regard de nos résultats, nous avons dégagé quelques moyens qu’on va réinjecter dans les services et l’action du Département » annonce le président.
Pas d’aide dans les Ehpad « depuis 6 ministres »
Le Conseil investira notamment dans deux Ehpad de Moselle. La situation y est critique : un taux d’occupation de 96 % et « entre 300 et 400 lits manquants. Ce n’est pas nouveau, c’est le 6e ministre à qui je le dis ». À Audun-le-Tiche, l’Ehpad Angel Filippetti a été sauvé d’une fermeture annoncée. « Grâce à un soutien général, il a reçu des investissements qu’il n’avait pas eus depuis longtemps. » La structure municipale est reprise par la fondation Bompard. L’ARS, les anciennes communes au conseil d’administration, et le Département soutiennent la requalification, à hauteur de 500 000 euros pour ce dernier. À Farébersviller, l’Ehpad Saint-Jean-Baptiste sera également soutenu, à hauteur de 45 000 euros par le CD57. « Les Ehpad ont besoin d’investissements, mais ces aides n’ajouteront pas les lits qui manquent. Il y a des difficultés budgétaires que nous connaissons tous, mais ce sont ensuite des choix politiques à faire. »
Le président qui a aussi listé les autres grands projets à financer pour le développement et le dynamisme de la Moselle, et qui sont sur la table de la région ou de l’Etat : « c’est une vraie réflexion sur la mobilité que nous attendons ». On parle de réouvrir les lignes ferroviaires sur le sillon est-ouest, désaturer le sillon mosellan (A31 bis), ou réfléchir autour de l’aérien avec Lorraine Aéroport. « La politique d’aménagement du territoire ne doit pas être commercial, mais politique ». Et enfin, sur les énergies, avec de nouvelles Assises de l’eau en septembre avec le préfet pour sécuriser les captages, lutter contre la pollution et mutualiser les ressources pour les années à venir.