Victorieuse à Yokohama, la triathlète mosellane Jeanne Lehair savoure sa première victoire en World Triathlon Championship Series, tout en gardant la tête froide, avant la suite de la saison.
Il y a quelques jours, Jeanne Lehair est montée pour la première fois de sa carrière sur la plus haute marche d’un podium du circuit World Triathlon Championship Series. C’était à Yokohama, au Japon, au terme d’une course haletante et dominée, malgré un final tendu face à la Britannique Beth Potter et l’Allemande Lisa Tertsch. Une consécration pour la triathlète mosellane, qui franchit un cap après des années passées à frôler la première place.
Quand tu es arrivée proche de la ligne d’arrivée, c’était quoi tes sentiments ?
« Quand j’étais toute proche, c’était le bonheur. Mais vraiment, c’était que les 20 derniers mètres. Parce qu’avant ça, pendant 10 bornes, je me suis retrouvée seule devant avec jusqu’à 15 secondes d’avance. Et puis à un tour et demi de l’arrivée, j’ai vu que l’Écossaise Beth Potter revenait fort. Je savais qu’elle courait plus vite, donc il a fallu que je lâche rien, et même que j’essaie de réaccélérer pour ne pas qu’elle me rattrape. Au final, je finis avec seulement 4 secondes d’avance. C’était ultra limite, mais j’étais ravie. À vrai dire, je ne réalise pas encore tout à fait. »
C’était ultra serré sur la fin, ça se joue à quelques secondes…
« Oui ! J’ai vu des vidéos où on entend les commentateurs dire « elle va le faire, elle va le faire », et d’un coup « ah non, peut-être pas ». Moi je ne me suis pas retournée pendant trois tours et demi, mais les 500 derniers mètres, je n’arrêtais pas. Ce n’est pas idéal, mais j’étais épuisée, il fallait que je sois sûre. Il y avait des enfants qui tendaient les mains pour taper dans les miennes, d’habitude je le fais toujours, mais là j’étais tellement concentrée… (rires) Et ces 20 derniers mètres, c’était un mélange de plaisir et de souffrance. Mais je me suis dit : putain, c’est vraiment en train de se passer ! »
Comment tu t’es adaptée au décalage horaire et au long voyage ?
« J’ai l’habitude du Japon, c’était ma troisième fois là-bas. Je pars toujours le dimanche pour arriver le lundi, et la course est le samedi, donc j’ai cinq jours pour m’acclimater. J’ai eu de bonnes conditions de voyage, j’ai pu dormir tout le vol, et je me suis bien calée dès l’arrivée. J’ai dormi huit heures par nuit, ça m’a suffi. Et comme je commence à connaître les lieux, je sais où rouler, où courir… Le mardi, je me suis même offert une pause extra-sport : je suis allée m’acheter une petite Pokémon boue d’oreille (rires). Tout s’est bien déroulé, même si le jour J j’étais à l’arrache complet ! »
À l’arrache ?
« Ah oui, j’ai oublié mes lunettes pour le vélo, et avec la pluie, j’étais en galère toute la course ! Mais je pense que ce côté freestyle m’a aidée à ne pas trop stresser. Je n’avais pas d’ambitions folles, parce que je sortais d’un long triathlon trois semaines avant, je n’avais pas bossé les distances courtes, donc j’étais un peu perdue. Et en fait, je suis arrivée super détendue, et ça a fonctionné. »
Avec cette victoire, comment tu te places dans la saison ?
« Là, je suis deuxième du classement, c’est fou. J’ai terminé 5e l’an dernier et 8e l’année d’avant, donc je me disais que faire mieux allait être dur… Mais là, avec une 7e place à Abou Dhabi et cette victoire, j’ai un bon matelas de points. Il reste cinq étapes avant la finale, dont quatre que je compte faire, donc tout est encore possible. L’objectif de la saison, c’était de monter enfin sur un podium. Je tournais autour depuis deux ans. C’est fait. Maintenant, l’idée c’est de confirmer, pourquoi pas refaire un podium pour me dire que ce n’était pas juste un rêve. »
Il y aura aussi une étape en France…
« Oui, une nouvelle étape à Fréjus ! Ce serait top d’y faire un podium. Et ensuite, il y a une manche des Super Tri à Toulouse, où je vis désormais. J’y ai cravé deux fois, donc j’aimerais bien réussir celle-là enfin ! »
Une chose est sûre, Jeanne Lehair est lancée. La mosellane savoure une victoire historique tout en gardant la tête froide, pour une suite qui s’annonce prometteuse ?
Toute l’actualité du département de la Moselle à suivre en direct sur Moselle TV.