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Solidarité : des plats chauds pour les soignants de Bel-Air avec le mouvement #merendreutile

Adil Soudani est gérant du restaurant Miel et Safran, à Yutz. Fermé depuis le 14 mars en raison de l’épidémie de coronavirus, le restaurateur mosellan a lancé au début du confinement un mouvement de solidarité entre restaurateurs du secteur de Thionville. Aujourd’hui, une trentaine d’entre eux ont rejoint le mouvement.

Le 16 mars, vous avez lancé le hashtag #merendreutile sur Facebook. Comment est née l’idée de mener une action de solidarité avec d’autres restaurateurs du secteur de Thionville  ?

« Le samedi 14 mars, à 19h30, on apprend la fermeture des restaurants à minuit. Le lendemain, le dimanche, honnêtement, je me suis fait « chier » (rires). Je me suis demandé comment me rendre utile. Quand on est restaurateur, on travaille 12 ou 13 heures par jour. Alors quand tout s’arrête du jour au lendemain, ça fait bizarre et on s’ennuie. J’ai commencé par proposer mes services en tant que cuisinier bénévole, si jamais il y a un absent ou un malade. C’est comme ça que Leïla Kadri de l’Hôpital Bel-Air m’a contacté, tout est parti d’elle. Elle m’a proposé de faire des plats chauds pour le personnel du service réanimation. J’ai mobilisé mon réseau : le restaurant les Sommeliers de Lionel Gallois à Thionville et Sipra à Thionville ont rejoint le mouvement et beaucoup d’autres ont répondu présent ensuite. Depuis, des restaurateurs nous rejoignent tous les jours. »

« Le plus important pour nous, c’est de nous rendre utile pour les personnels soignants. »

Comment ça fonctionne ?

« Un restaurateur, à tour de rôle, prépare au quotidien 31 plats pour l’internat et 21 plats pour le service réanimation. À chaque fois, un plat de chaque service est réservé pour le contrôle. Le plus important pour nous, c’est de nous rendre utile pour les personnels soignants. On sait qu’on ne va pas nourrir un hôpital entier avec 50 plats. Mais en cette période de crise, on sait qu’en préparant ces plats pour le personnel, on va leur faire plaisir. Donc si ça peut les aider à se sentir mieux au travail, c’est parfait. »

Comment faites-vous pour livrer ?

« Frédéric Sichet, directeur du magasin But, s’occupe de toutes les livraisons. Hervé, de l’entreprise Falcon, nous prête une camionnette réfrigérée pour qu’on puisse livrer. »

Chaque restaurateur fait don de repas et vous venez de mettre en place une cagnotte sur Promocash. Financièrement, comment ça se passe ? 

« Notre principe de base, c’est que le restaurateur se débrouille. Jusqu’à maintenant, on a fait avec les moyens du bord. Il n’y a pas de transit d’argent entre restaurateur et particulier. La raison est simple : le particulier n’a rien à faire dans ce circuit-là. On le fait avec le cœur, pour les gens, parce qu’ils le méritent. Donc on ne veut pas d’argent. On s’entraide entre restaurateurs : on a Samir de Clouange qui peut nous fournir en viande par exemple. Maintenant, des enseignes veulent nous aider : des boutiques, une agence immobilière, un dentiste… C’est pour ça qu’on a mis en place la cagnotte. Jusqu’à présent, c’était compliqué mais on s’en est sorti. Et maintenant, on reçoit de l’aide et plusieurs sociétés ont déjà fait des dons. Avec la cagnotte, l’argent est débité et on va chercher la marchandise. « 

Comment se passe votre confinement ?

« Je passe mes journées à travailler. L’organisation de toute cette mobilisation, ça prend du temps. Je m’occupe de la paperasse pour le personnel de mon restaurant, je prends le temps de répondre aux nombreux messages que je reçois sur Facebook. Ensuite, je planifie le planning des restaurateurs, j’actualise ma page Facebook et en faisant ça, la journée passe en un rien de temps. »

Propos recueillis par Florian Tonizzo.

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