La Banque de France présente la situation économique de la Moselle

Lors d’une conférence, la Banque de France en a profité pour faire un bilan de l’année 2024 de l’économie régionale, ainsi que les perpectives pour 2025.

« Il y a un déficit d’image que j’ai du mal à comprendre ». Ce sont par ces mots que Patricia Biscarat a commencé sa conférence conjoncturelle pendant le Thionville Open. N’étant originaire de la région, l’adjointe au directeur départemental de la Moselle à la Banque de France présente son étonnement sur le déficit d’image du département de la Moselle. Près de 120 personnes étaient présentes pour observer les chiffres de la conjoncture actuelle au sein du pays.

En décembre 2024, l’inflation s’établissait à 2,4 %, qui permet de penser que le pays tend vers une stabilisation après des années des hausses des prix. Le taux de croissance du pays s’est maintenu à 1,1 % en 2024, un niveau identique à celui de 2023. Une dynamique notamment marqué par l’effet des Jeux Olympiques. Pour 2025, les projections tablent sur une croissance de 0,9 %.

Un des constats majeurs est que la France a évité la récession. Bien que la croissance manque de dynamisme, elle est positive sur tous les trimestres depuis 2022. La Banque de France anticipe une inflation en dessous de 2 % pour 2025, ce qui renforcerait la confiance des acteurs économiques.

La consommation des ménages est une bonne et inattendu surprise pour 2024. En effet, elle apporte une aide à la croissance. Les éléments macro-économiques indiquent que la dynamique économique repose essentiellement sur la consommation privée et le commerce extérieur.

Un autre élément marquant du territoire mosellan est son lien étroit avec le Luxembourg. En effet, 50 % des travailleurs frontaliers au Luxembourg résident à Thionville, illustrant l’importance des échanges économiques entre les deux territoires.

Des facteurs variés

Les éléments expliquant la conjoncture actuelle sont nombreux. Le contexte national est marqué par des incertitudes politiques et budgétaires. Le budget pour 2025 a seulement été adopté au début du mois de février. Cette période de turbulence fait peur aux investisseurs. L’objectif de 3 % du PIB fixé jusqu’en 2029 peut surprendre certains.

Au niveau des banques, un retour à des niveaux d’épargne similaires à ceux d’avant la pandémie est envisagé. Le taux d’épargne des Français, qui représentait 18 % des revenus, a grimpé jusqu’à 20 % en 2020 durant la crise sanitaire. Un fait qui s’explique aussi par la population française qui épargne bien plus que d’autres pays. Pour que cette tendance s’inverse, un regain de confiance est nécessaire, notamment chez les ménages aux plus hauts revenus.

Au niveau européen, les taux d’intérêt directeurs sont en baisse. La Banque Centrale Européenne contrôle les taux courts et prévoit un probable retour aux taux dits « neutres » (taux non personnalisé). Le contexte international joue également un rôle clé, avec des tensions à la fois sur le terrain militaire et sur le plan commercial. L’énergie a fortement contribué à la hausse généralisée des prix. L’inflation est désormais largement portée par les services marchands, tandis que la Banque de France vise un objectif de 2 %.

La situation économique des entreprises en Moselle

La Banque de France a recensé 694 défaillances d’entreprises en Moselle en décembre 2024. Parallèlement, le nombre de dossiers déposés auprès de la commission de surendettement a augmenté de 7,8 % sur un an. Malgré ces signaux d’alerte, l’année 2024 affiche des records de création d’entreprises. Malgrès cela, les défaillances ont un impact bien plus significatif sur l’économie que la création de nouvelles structures.

Un correspondant TPE/PME est présent dans chaque département pour orienter les entreprises en difficulté. L’étude menée par la Banque de France auprès de 1 698 entreprises des secteurs de l’industrie, des services marchands et de la construction révèle plusieurs tendances clés.

Dans l’industrie, les chiffres montrent un recul du chiffre d’affaires et une perte de parts de marché en Europe pour les entreprises régionales. Les effectifs ont été globalement maintenus, mais les intérimaires ont été les premiers touchés par les suppressions d’emplois. Paradoxalement, les entreprises continuent à rencontrer des difficultés de recrutement : un tiers d’entre elles déclarent ne pas avoir pu produire à la hauteur de leurs attentes en raison d’un manque de main-d’œuvre, aussi bien en quantité qu’en qualification.

Les banques se montrent frileuses à accompagner le développement des entreprises. Mais selon la Banque de France, la production de crédit ne diminue pas, notamment grâce à la baisse des taux d’intérêt.

Dans les services marchands, la dynamique est restée positive en 2024, et une nouvelle amélioration est attendue. Les effectifs se sont renforcés, bien qu’une croissance plus mesurée soit anticipée pour 2025.

Dans le secteur de la construction, la production est restée stable en 2024, mais cette stabilité cache de fortes disparités. Le gros œuvre a enregistré une baisse de 5,3 % de son activité. Les prévisions pour 2025 sont similaires, avec un maintien des effectifs permanents. Néanmoins, les travailleurs intérimaires devraient continuer à voir leurs opportunités se réduire.

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Mattéo Philipp
Mattéo Philipp
Journaliste Reporter d'images

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