Le mercato français clôt, l’heure est au bilan pour le FC Metz et Frédéric Arpinon. Le directeur sportif du club revient sur les différents dossiers estivaux, entre départs surprises, projet de jeu et certains transferts qui jouent les prolongations. Entretien.
On le sait, pour un directeur sportif, en général, l’été est un petit peu intense. Ma première question, comment allez-vous ?
Ça va, je suis un hyperactif alors ça va. C’est vrai que ça a été intense. J’espère que l’énergie qu’on a déployée sera à la hauteur des résultats.
Vous avez signé début juin en tant que nouveau directeur sportif. Quand vous arrivez, quelle est l’ampleur des travaux pour l’été ?
Je pense que chronologiquement, la chose la plus importante, a été de trouver l’entraîneur. Une fois recruté, il (Stéphane Le Mignan) nous a expliqué son projet, son idée sur le jeu. Ensuite, on a présenté le projet du club aussi à l’entraîneur et par rapport à ce projet, on a bâti l’équipe. Alors bâtir l’équipe, c’était quoi ? C’était faire partir les joueurs qui ne faisaient pas partie du projet, de l’entraîneur et du club. Ça a été assez difficile et long. Et puis après, l’objectif numéro un était de conserver en majorité les joueurs de l’effectif de la saison dernière, plus certains joueurs qui étaient prêts.
On a parlé de beaucoup de départs cette saison. Dix-sept départs, est-ce que c’est beaucoup pour un club ?
Je n’ai pas l’impression qu’on a perdu beaucoup de joueurs. Je crois que tous les joueurs partis, mis à part ceux transférés comme Georges (Mikautadze), Lamine (Camara), on peut parler aussi du dernier départ d’Arthur (Atta), c’était quelque chose de voulu. Mais c’est vrai que quand j’entends dix-sept, ça me semble beaucoup, mais ça ne m’a pas plus interpellé que ça.
Parce qu’il reste quand même encore beaucoup de joueurs dans cet effectif, finalement.
Oui, parce que l’objectif, c’était de conserver une majorité de joueurs qui faisaient partie de l’effectif la saison dernière.
Un des mots forts de ce mercato, c’était « on ne veut pas faire n’importe quoi ». Il y a eu cinq arrivées. C’est quoi la limite entre prendre son temps et peut-être trop attendre ?
Oui, mais quand on dit ça, c’est qu’on sait ce qu’on a. J’ai trop vécu de moments à Metz où on s’est pressé et puis derrière, on l’a regretté. On s’est pressé parce que souvent, on n’a pas donné le temps à certains joueurs de s’exprimer, j’ai des exemples. Je peux parler d’Habib Diallo. On peut se poser la question, « pourquoi il a mis autant de temps pour être si bon ? » Voilà pourquoi, il ne faut pas se presser parce qu’aujourd’hui, l’effectif du FC Metz est composé de très bons joueurs. Leur faire confiance c’est important. Après, si on a des opportunités, on ne va pas se priver d’y aller. On l’a fait avec Jessy (Deminguet), on l’a fait avec Gauthier (Hein). Mais aujourd’hui, remplacer Simon Elisor, ce n’est pas simple. Quand vous avez un joueur qui fait 8 buts avec Laval sur une moitié de saison, et qui marque 6 buts à Troyes sur une moitié de saison, c’est difficile de trouver mieux. Il faut se battre pour le conserver parce qu’il est très sollicité.
Un petit mot, justement, au niveau de ces arrivées (Jessy Deminguet, Alpha Touré, Pape Sy, Pape Moussa Fall, Gauthier Hein) sur plusieurs lignes. C’est ce que cherchait le FC Metz ?
Oui, c’est ce qu’on cherchait. Ce sont des opportunités. Il n’y a pas de joueurs de la formation même s’il y a Morgan Bokele et Charles Divialle-Corbière qui nous rejoignent également. Ensuite, il y a deux joueurs de l’Académie qui sont Pape Sy, même s’il est passé à Seraing, et Alpha Touré. Plus les arrivées de Gauthier (Hein) et de Jessy (Deminguet).
Matthieu Udol est resté. C’est une satisfaction ?
Oui, bien sûr. Il y a eu beaucoup de joueurs sollicités. Pour revenir à Matthieu, je ne vais pas parler de ce qu’il représente pour le FC Metz, pour les supporters et pour tout le monde. Quand tu as la chance d’avoir un joueur comme Matthieu dans ton effectif, que tu es le FC Metz et que tu veux remonter, tu te dois de tout faire pour le garder. Et ça fait partie de ce que je vous ai dit : quand on a des joueurs de cette qualité dans l’effectif, le plus important, c’est de les conserver, comme on a fait aussi avec la prolongation de contrat de Maxime Colin, sollicité lui aussi.
Peut-on revenir sur le départ d’Arthur Atta qui a été une surprise pour beaucoup ?
Oui, pour être transparent. C’est vrai que c’est arrivé le dernier jour, c’est allé très vite.
Ce n’était pas prévu ?
Pas du tout, parce que pour moi, Arthur était un joueur important. Après, je crois que si ça s’est fait, c’est que le joueur était content et le club satisfait. Arthur a eu une saison très compliquée l’année dernière où, à mon goût, il aurait dû jouer beaucoup plus. Il l’a très mal vécu. Et sur ce début de saison aussi, c’était compliqué pour lui, puisque sur les deux matchs où il était présent, il a été deux fois remplaçant. Il avait du mal à l’accepter. Et c’est vrai qu’il y a eu cette opportunité. Lui était enthousiaste et très motivé, nous, à partir du moment où on était contents, ça s’est fait naturellement.
Chaque départ allait être remplacé pendant ce mercato. Ce sera le cas pour Arthur Atta ?
Oui.
Ce sera soit un joker, soit des joueurs qui sont libres de tout contrat. La piste qui mène à Benjamin Stambouli, c’est d’actualité ?
Oui, c’est une piste parmi tant d’autres. Après, ce que je veux, c’est que le club soit respecté. On a envie de voir un joueur qui souhaite vraiment venir à Metz. On ne peut pas faire n’importe quoi. On doit se faire respecter.
On a quelques joueurs qui ne sont pas forcément dans les plans de l’entraîneur. Est-ce qu’on considère qu’ils seront à Metz au moins jusqu’à l’hiver prochain ?
Benjamin (Tetteh), normalement, devrait partir.* Kévin (van den Kerkhof) a émis le souhait de partir. On a ouvert la porte, mais aujourd’hui, on n’a pas eu de proposition. Il est là, à lui de montrer de quoi il est capable et de prouver à l’entraîneur, qu’il peut compter sur lui.
Un petit mot sur ce contexte global pendant le mercato des clubs français. Beaucoup de clubs ont fait un gros mercato, on pense notamment au Paris FC. Est-ce que ce contexte a permis à la Ligue 2 d’avoir des opportunités qu’elle n’aurait pas pu avoir ?
Je ne sais pas. Il faudrait comparer avec certains clubs. En tout cas, ma satisfaction par rapport au FC Metz, c’est que vous avez cité Jessy. Il était sollicité et il a voulu venir à Metz. Ça prouve que Metz représente quand même quelque chose dans le football français. Gauthier, c’est pareil ! Quoiqu’un peu différent parce qu’il connaît le club, l’engouement, la passion qu’il y a autour. Ce sont des choses qui, pour moi, sont importantes.
Est-ce que c’est plus facile de faire un mercato quand on descend en Ligue 2 ou quand on remonte en Ligue 1 ?
L’essentiel pour un club comme Metz, c’est d’avoir un vrai projet et d’essayer de s’y tenir. Alors que ce soit sur une ascension ou sur une descente, il y a toujours des choses à améliorer. Mais le plus important, et c’est ce que j’espère pour le FC Metz dans les années à venir, c’est de pérenniser tout ça.
Être directeur sportif, c’est souvent assimilé au mercato. Elle ressemble à quoi la suite d’une saison pour un directeur sportif une fois que ce mercato est terminé ?
Oui, j’ai l’impression que ça ne s’arrête jamais. Que tu sois directeur sportif, directeur du recrutement ou à un tout autre poste dans un club, ça ne s’arrête jamais. Le mercato est fini depuis le 30 (août). Mais derrière, il y a des marchés ouverts. Tu as des joueurs encore à faire partir. Tu as des possibilités de rentrer des joueurs libres. Tu as déjà un futur marché en décembre. Ça ne s’arrête jamais. Et puis après, il faut faire vivre le projet, la formation. J’ai un œil aussi à Dakar et à Seraing. Il faut arriver à faire vivre tout ça.
Pas de vacances de prévues pour ces prochains temps ?
On va voir. C’est sûr qu’on va avoir besoin de souffler un petit peu, mais au football, les vacances, ça n’existe pas trop (rires).
*L’interview a été réalisée en amont de l’officialisation du transfert de Benjamin Tetteh vers le NK Maribor.
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