Malgré les mobilisations des salariés pour sauver l’usine MicronMax (ex-Rafer) à Dieuze, la justice a placé l’usine en liquidation judiciaire.
« Je vous annonce avec grand regret la décision du tribunal de commerce de Lyon à l’audience qui s’est tenue ce jeudi 28 novembre. Le délibéré du président a été de nous placer en liquidation judiciaire« , écrit Abderahim Benkada, délégué syndical FO MicronMax dans un communiqué.
Une décision actant la fermeture définitive du site et qui intervient après deux mois de délais laissés aux potentiels investisseurs pour déposer un dossier. Un seul s’est manifesté. Il s’agissait du groupe lyonnais ACI, reconnu dans la fabrication et sous-traitance de pièces automobiles. Une renommée qui n’aura pas suffi à contre-balancer le manque de garanties, selon les représentants des salariés MicronMax à Dieuze. « Le groupe n’a pas répondu à toutes nos interrogations, et n’a souhaité reprendre qu’une trentaine de personnes sur l’effectif total. Nous risquions également de perdre des avantages sociaux et nous n’avions pas confiance dans le montage financier en pyramide qui a été proposé. Nous avons donc voté contre la non-continuation de l’activité en interne avec 39 voix sur 57« , nous explique Armand Krebs, au téléphone.
Cinquante-sept salariés désormais sans emploi et un fleuron de l’industrie mosellane éteint. Cinquante-sept salariés qui devront retrouver du travail dans le Saulnois prochainement, « et avec la conjoncture actuelle, ça va être difficile« , lance l’un des représentants des salariés.
L’après MicronMax ?
Même au bout du téléphone, la déception se ressent. Car après plusieurs manifestations pour alerter l’État et une lutte de plusieurs années contre une possible fraude financière de l’ancienne direction pointée du doigt par les salariés, la décision fait l’effet d’un coup de massue.
L’effervescence a déjà quitté l’usine depuis quelques jours, mais la fermeture du site et les licenciements seront effectifs dès le jugement écrit du greffe du tribunal. En attendant, les représentants des salariés restent sur place pour aiguiller au mieux leurs collègues. « On ne sait pas qui pourra faire les papiers de cessation d’activité, ni même les dernières fiches de paie« .
« Pour payer la suite des frais d’avocat, nous avons lancé une collecte de batterie avec des garages partenaires dans le Saulnois« . De quoi donner un dernier coup de pouce aux salariés, encore engagés dans la « lutte pour faire tomber l’ancien dirigeant (en place entre 2020-2023) qui nous a fait cumuler 17,5 millions euros de dette sur le site dieuzois, détaille Christophe Oury, secrétaire du CSE.
MincronMax, une entreprise malmenée depuis 2020
Malheureusement, MicronMax n’en est pas à sa première embûche. En 2020 déjà, une première fermeture est envisagée. Un investisseur rachète alors l’usine, l’espoir renaît. Mais les syndicats expliquent qu’ils perdent rapidement le sourire : nombreuses commandes mais rarement honorées, fournisseurs non payés, machines achetées très chères mais non fonctionnelles et une dette qui prend vite de l’ampleur. La liste des doléances est longue d’après les dires des syndicats.
Un bagage financier délicat jusqu’au rachat de la société en 2023 par le groupe TEAK CAPITAL. Un second souffle qui ne prendra finalement pas. « D’ailleurs, la direction actuelle (2023-2024) a coupé les ponts avec nous depuis le mois de novembre 2024. Mais on ne leur en veut pas« . Difficile de redresser la barre d’un bateau naufragé.
Et pourtant, créée en 1974, l’entreprise spécialisée dans la fonderie d’aluminium de précision et la fabrication de roulement pour l’industrie des pompes hydrauliques fêtait sa cinquantième année d’activité en 2024. La dernière de son histoire.
Témoignages complets à suivre sur Moselle TV ce jeudi 5 décembre.
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