Camille Depuiset, une saison à part à Metz Handball

Camille Depuiset se livre sur sa saison particulière à Metz Handball et sur sa dynamique actuelle dans un grand entretien sur Moselle TV.

Sa voix s’est peu fait entendre cette saison, beaucoup moins que les années précédentes, et pour cause. Camille Depuiset vit une saison particulière à Metz Handball. Elle qui s’était réengagée pour une troisième année en Moselle avec l’espoir de s’imposer comme numéro 1 au poste, dans un binôme avec Zsofi Szemerey a vu son temps de présence sur les terrains diminuer drastiquement suite à l’arrivée de Cléopâtre Darleux au sein du club à la Mirabelle, alors que l’ex-brestoise s’imposait rapidement comme la principale option dans les buts jaune et bleu. Dans le cadre d’une édition de Dragonnes Mag’ sur Moselle TV, Camille Depuiset a accepté de se livrer face camera sur son ressenti des derniers mois, sa volonté de rester intègre et de se battre pour être compétitive jusqu’au bout, mais aussi sur les perspectives que lui réservent l’avenir, dans un grand entretien.

Tu vis ta 3ème saison avec Metz Handball, celle-ci elle est un peu particulière puisque tu la vis dans le cadre d’un d’un trio de gardiennes ce qui est assez inédit pour toi. Comment est-ce que tu vis cette situation aujourd’hui ?
Je pense que je n »ai pas forcément besoin de le dire pour qu’on se doute que ce n’est pas forcément facile cette saison que c’est une saison avec beaucoup d’incertitudes. Ça a été compliqué il y a eu des moments pas faciles d’autres un peu moins difficiles aussi mais j’essaie de prendre cette saison malgré tout avec beaucoup de recul et en essayant de tirer le positif qu’il y aura à en tirer comme j’essaie souvent de le faire et on fera les bilans à la fin.

Un événement marquant de cette saison à ton poste notamment c’est l’arrivée de Cléopâtre Darleux qui rebat un peu les cartes en début de saison comment est-ce que toi tu as tu as vécu l’arrivée de Cléopâtre ?
Bah c’est vrai qu’un fonctionnement à trois c’est toujours particulier que ce soit avec Cléopâtre ou une autre gardienne ce n’est pas quelque chose que j’avais envie de vivre et on avait été au clair avec ça aussi avec le club à la fin de mon contrat l’année dernière j’ai et j’ai voulu prolonger l’aventure ici parce que sur le papier et les différents échanges que j’avais pu avoir avec le président et la direction tout me poussait à à poursuivre cette logique là. Quand je suis arrivée ici j’avais aussi envie de m’inscrire dans la durée parce que je me sentais bien dans ma vie autour avec les supporters dans un club qui performe en Ligue des Champions qui m’offre des opportunités de visibilité et de continuer aussi à avoir un niveau de jeu au quotidien qui me permet de progresser. Malheureusement des faits qui ne sont pas de mon ressort ont amené à une situation totalement différente. J’ai été dans beaucoup d’incertitude parce qu’on est dans un petit milieu où les choses se savent très vite et sont venus à mes oreilles bien avant que je sois informée directement.
Je ne suis pas la seule à en pâtir de cette situation on est deux on avait commencé la saison à deux lorsqu’il y a commencé à avoir déjà peut-être des rumeurs d’un trio en juin dernier et quand j’étais allée demander des informations on m’a dit qu’il n’en était pas du tout question. Il y a peut-être aussi des choses que je ne sais pas je n’ai sûrement pas tous les tenants et les aboutissants. Je comprends qu’une opportunité se soit présentée et que le club a peut-être eu envie de mettre toutes les forces en présence de leur côté mais c’est vrai que ça a un peu été une surprise.

Le fait de sortir de ce qui était « prévu » a été compliqué à gérer ?
Effectivement, ce n’est pas ce qui était prévu, ce que je m’étais imaginé ou même la projection que j’avais dans ma tête. J’ai commencé la saison aussi en juillet avec beaucoup d’incertitude pendant un mois, deux mois, jusqu’à ce que ce soit officialisé et qu’on prenne nos marques dans un trio. Un trio qui n’en est pas vraiment un puisque comme aussi le staff me l’a indiqué nous sommes dans une rotation à deux et pas à trois donc c’est aussi encore quelque chose d’un peu différent.
J’ai toujours tout fait pour être la plus performante possible pour que quand on fasse appel à moi je puisse répondre présente et je continuerai à le faire quoi qu’il arrive. L’ambiance dans l’équipe se passe quand même bien malgré le fait que l’on soit des athlètes, des sportives professionnelles et que ce qu’on fait c’est pour jouer le weekend.

« Ce n’est pas quelque chose que j’avais envie de vivre » – Camille Depuiset

Vous êtes également des compétitrices, il y a des sacrifices qui sont faits…
On parle souvent beaucoup de sacrifice moi j’aime bien parler d’investissement parce qu’il y a souvent une connotation assez négative au terme sacrifice mais c’est vrai qu’on dit non à des choses pour parfois se demander dans les moments où c’est compliqué « mais pourquoi je fais ça pourquoi je m’inflige tout ça ? Être loin de ma famille m’entraîner très dur parfois partir en déplacement pendant 4-5 jours » et puis en fait quand tu vis des émotions le weekend que tu sais que tu vivrais nulle part ailleurs… Eh bien tu te dis que tu ne pourrais pas faire quelque chose d’autre. Ça vient récompenser aussi tout ça.
À l’heure actuelle la balance est beaucoup trop déséquilibrée pour moi depuis quelques semaines, quelques mois maintenant, donc c’est ça qui est un petit peu compliqué à gérer et alimenter cette balance de positif. Ce qui me donne du positif c’est de partager avec les gens le weekend de pouvoir vivre des émotions sur les terrain et malgré tout créer aussi du lien différemment qu’au quotidien avec le groupe donc voilà c’est des équilibres et des mouvements qui vont et qui viennent au fil des jours et au fil des semaines…

Justement ça a eu un impact sur ton temps de jeu cette arrivée d’une gardienne supplémentaire. Il y a eu huit matchs consécutifs où tu n’étais pas sur la feuille de match ou alors tu n’entrais pas en jeu. Qu’est-ce qu’il se passe dans la tête à ce moment-là ?
Ce qui m’anime ce qui m’a toujours animé et ce vraiment sur quoi je ne veux pas déroger c’est de rester alignée avec mes valeurs et avec qui je suis. Tous les jours au quotidien de m’investir à fond avec les ressources qui sont les miennes. Il y a des jours où ton 100 % c’est peut-être ton 50 % d’un jour où tu es en meilleure forme mais ça reste ton intention.
C’est vraiment ce sur quoi je ne veux pas déroger, je veux pouvoir rentrer chez moi le soir et me dire que j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir. Bien sûr que je n’ai peut-être pas fait toujours tout fait bien et j’ai parfois moi aussi fait des erreurs, mais je pense que depuis que je suis arrivée ici je m’engage à 100 %, je veux rester ultra professionnelle par respect pour mes coéquipières pour mon club pour les gens qui travaillent aussi autour de moi, mais surtout et avant tout pour moi. Pouvoir me dire que peut-être qu’il y a des éléments et des facteurs extérieur et un contexte qui font que ça ne se passe peut-être pas comme je le souhaiterais mais au moins moi j’ai essayé de faire tout ce qui est à mon possible pour avoir un impact différent sur la situation.
J’ai bien compris que pour le moment la perspective de se préparer pour le match n’est peut-être pas là, mais je fais ma vidéo, je ne sais pas si je vais jouer le lendemain mais je suis prête et si l’entraîneur et l’équipe ont besoin de moi, j’ai envie d’avoir fait tout en mon possible pour pouvoir répondre présente quand il le faudra.

« Je veux rester ultra professionnelle par respect pour mes coéquipières pour mon club pour les gens qui travaillent aussi autour » – Camille Depuiset

Le 19 février à Dijon, tu rentres en jeu et à l’issue du match il y a une interview où on te sent particulièrement émue. Tu es chez toi à Dijon et cetera, qu’est-ce qui qu’est-ce qui se passe pour toi à ce moment-là ?
Je suis quelqu’un et je l’assume pleinement, qui vit pleinement avec ses émotions et c’est ce qui m’anime au quotidien. Cette année ça a été un petit peu compliqué parce que parfois je me suis senti assez lasse et c’est peut-être pire pour moi que de ressentir une émotion négative ou triste ou de la colère ou autre et c’était un jour où mon émotion était peut-être trop élevée. Je n’avais pas envie d’avoir de mots qui auraient pu dépasser ce que je ressens. Je ne veux pas que que mes paroles soient mal interprétées et pour moi après une victoire collective mes états d’âme personnels n’ont pas forcément lieu d’être. C’est manquer de respect à mon équipe que de parler de ma situation ou de comment je vis les choses à ce moment-là. Je sais que ça a été un petit peu mal perçu mais je reste humaine et je reste aussi alignée comme je l’ai dit avec mes valeurs mais être alignée avec mes valeurs c’est aussi être pleinement engagée et respectueuse envers mon club, mon collectif et les filles qui m’entourent au quotidien.
Pour l’instant il faut se concentrer collectivement sur tout ce qui nous reste à accomplir d’ici la fin de saison et c’est pour ça que je ne voulais pas laisser mon émotion prendre le pas à ce moment-là.

Tu avais dans ton contrat original une option pour prolonger d’une année, à quel moment est-ce qu’il a été décidé de de pas s’engager dans dans cette voie ?
Quand j’ai signé mon contrat avec le club on avait on avait convenu d’une option mais j’ai décidé de ne pas m’engager dans cette voie et d’envoyer une lettre au club et au président, que j’ai informé aussi par texto avant parce que pour moi il était impensable que ça soit uniquement un courrier. C’était mi-novembre. J’ai dit clairement qu’en raison de la situation actuelle je souhaitais m’ouvrir la porte à à d’autres horizons, que ce n’était pas une volonté actée de ma part et qu’on pourrait en rediscuter le besoin échéant avec plaisir pour acter les choses.
Je n’ai pas forcément eu de retour jusqu’à voir dans la presse que mon avenir ne se jouerait pas ici. Ça m’a conforté dans mon idée d’avoir bien fait peut-être de prendre un peu les devants et de prendre ma carrière en main pour m’offrir d’autres opportunités.

Certains t’auraient bien vu partir cet hiver en joker dans un autre club, c’est une option qui t’a attiré à un moment donné ?
C’est quelque chose qui n’avait pas forcément de sens pour moi parce que je suis aussi quelqu’un qui aime terminer ce qui est commencé et que partir pour 6 mois puis repartir peut-être ailleurs, ça n’avait pas forcément de sens. J’ai besoin de me sentir ancrée et de créer un environnement autour de moi pour performer.
Peut-être que si cela se représente dans quelques années j’aurais un état d’esprit différent mais il était important pour moi de finir ici à Metz, ça me tenait aussi vraiment à cœur. On a quand même une perspective de tout gagner et j’ai envie de rester inscrite dans ce projet là et de faire partie de peut-être enfin cette année l’équipe qui réussira à faire un triplé.

« Je me suis dit « Let’s Go » ! » – Camille Depuiset

Ça nous amène au 20 janvier, avec l’annonce de ta signature à Brest à compter de la saison prochaine, comment est-ce que ça s’est fait avec le club brestois ?
J’avais aussi beaucoup d’incertitudes sur ce que je voulais faire, de quoi j’avais besoin pour me sentir bien pour me sentir bien, Camille la personne, pas que Camille la joueuse.
J’avais vraiment envie de quelque chose de totalement nouveau. Soit je partais à l’étranger, ce qui m’a toujours beaucoup attiré. Ça aurait été aussi peut-être le bon moment de faire un peu table rase de ce qui vient se passer et repartir sur quelque chose de complètement neuf. Soit j’acceptais de jouer dans un club avec des ambitions peut-être un peu moindres mais où j’aurais pu avoir un vrai rôle, une vraie responsabilité, mais dans un club qui a quand même des ambitions parce que pour moi aussi marcher vers un but a énormément de sens. Et puis Brest m’a contacté dans cette période un peu de trouble, un peu avant la fin d’année donc ça s’est paradoxalement fait assez vite mais ça a quand même été un gros questionnement chez moi parce que je ne savais pas ce dont j’avais besoin et ce dont j’avais envie et on a beaucoup échangé avec le staff technique et la direction du club. Je reste persuadée qu’il est possible d’avoir une certaine dimension humaine dans ton quotidien. L’approche handballistique de Raphaëlle et Sandrine m’ont beaucoup parlé on s’est retrouvé pas mal sur ces points-là. Je me suis dit « let’s go » !
Je suis très contente et je suis très reconnaissante aussi malgré tout d’avoir eu l’opportunité d’avoir des clubs qui ont pensé à moi malgré cette période un peu moins présente sur les terrains. De l’extérieur on ne s’en rend pas compte mais quand tu es joueuse et que tu es peut-être dans des périodes où tu joues moins tu as très vite l’impression qu’on t’oublie.

Ce sera normalement un duo avec Floriane André, 100 % français. Qu’est-ce que tu en attends ?
On est sur un poste tellement déjà compliqué et ingrat que pour moi il est inimaginable de ne pas bien s’entendre avec son duo. Bien sûr Floriane et moi on est toutes les deux encore jeunes, on a toutes les deux des grandes ambitions et on aspire toutes les deux je pense à nous installer en équipe de France, mais on a un poste qui est compliqué. Je l’ai vécu un peu avec Hatadou quand je suis arrivée on a très vite vu qu’en fait on allait être nos meilleures alliées et qu’il fallait qu’on s’entraide.
Il y a aussi tout un staff d’encadrement spécifique pour les gardiennes là-bas donc j’ai hâte de pouvoir aussi travailler avec quelqu’un qui va nous accompagner au quotidien parce que j’ai encore envie de progresser, j’ai encore envie de m’améliorer. Il y a encore plein de choses sur lesquelles je peux avancer et j’ai hâte de pouvoir construire du coup des nouvelles relations aussi avec des filles que j’ai déjà côtoyé en sélection ou en stage mais c’est aussi différent quand tu es avec elle au quotidien donc j’ai hâte de pouvoir découvrir tout ça mais j’ai encore le temps avant d’y penser.

« J’avais envie de leur montrer que ils ont été importants pour moi, qu’ils le sont encore » – Camille Depuiset

Peu de temps après l’annonce de ta signature à Brest tu as mis un message sur les réseaux pour les supporteurs de Metz Handball, c’était important ?
Oui, c’était important pour moi parce que depuis que je suis arrivée, je me suis tout de suite sentie bien aussi grâce à eux, même dans les moments où c’était peut-être sportivement plus compliqué pour moi que ce soit dans mes performances ou dans mon temps de jeu ils m’ont accueilli les bras ouverts. Ça a été dur pour moi de prendre aussi cette décision pour moi de me dire qu’il fallait que je parte pour mon bien-être pour ma santé physique mentale pour ma carrière aussi parce que j’ai aussi eu autour de moi des gens qui m’ont donné énormément d’amour de bienveillance et de soutien. Je sais aussi qu’il y a toujours cette rivalité qui a été inscrite et que peut-être les choses sont un peu toujours extrapolées quand tu pars de Metz pour aller à Brest, rarement dans le sens inverse, mais quand tu pars de Metz pour aller à Brest les gens ne comprennent peut-être pas forcément. J’avais envie voilà de leur montrer qu’ils ont été importants pour moi, qu’ils le sont encore bien sûr. J’ai eu aussi des messages pas très sympas et pas très cool, mais ça fait partie du jeu on va dire et ce n’est pas sur ça que j’ai envie de me concentrer.
C’était important pour moi de pouvoir m’exprimer de manière un petit peu plus générale étant donné le fait que je ne pouvais pas forcément le faire sur le terrain à ce moment-là et je n’avais pas envie qu’on parle à ma place. Voilà, ça fait 2 ans et demi que je suis là et j’espère que je vous ai toujours montré que mon investissement était total et ça ne changera pas.

Matthieu Henkinet
Matthieu Henkinethttps://www.moselle.tv
Chargé de communication de Moselle TV Présentateur de l'émission Dragonnes Mag

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