Après avoir vu son visa retoqué sans raison, le poète palestinien Mohammed Al Qudwa restera 4 mois en résidence en Moselle pour son travail sur Gaza.
Mohammed Al Qudwa, jeune poète et écrivain palestinien de 21 ans, devait participer à une résidence à Metz grâce au programme Sawa Sawa de l’Institut français. Ce projet, qui l’emmène également à Dijon et Thionville, a pourtant pris un sérieux retard faute de visa.
« En octobre, je devais venir pour le festival et je devais avoir un visa. Je me suis retrouvé bloqué en Égypte et pour aucune raison, j’ai dû attendre jusqu’en avril », explique-t-il. Après plusieurs mois d’attente hors de France, c’est finalement en Moselle qu’il a pu poser ses valises pour quatre mois.
Carrière atypique, enfance marquée par la guerre
Poète, écrivain, mais aussi ancien karatéka de l’équipe nationale palestinienne, Mohammed a grandi dans un environnement de conflit. Il insiste sur « l’avant 7 octobre » pour retracer les racines de la tragédie. « Vous savez la situation en Palestine n’a pas commencé au 7 octobre. On a dû trouver une façon de partir. Je ne pensais pas être en France un jour, je ne voulais pas vivre en dehors de Gaza. Mais la situation est trop difficile. Le plus dur, c’est le silence sur ce qui nous arrive. Après 10 jours, un hôpital a été bombardé et il y a fait plus de 500 meurtres, on pensait que le monde allait bouger et essayer de stopper la guerre. »
« Le silence qu’on a reçu de la communauté internationale, le fait que personne n’a répondu à notre appel à l’aide, ni a voulu stopper génocide… ils n’ont même jamais utilisé le mot génocide », déplore-t-il encore. Il raconte également : « Je ne pensais pas que ma maison serait bombardée… »
Une traversée humaine et artistique
Réfugié en Égypte, il a rejoint Gaza par un corridor humanitaire : un trajet à pied de cinq kilomètres entre le nord et le sud de Gaza. Là, il a rencontré des vies fragilisées, qu’il a choisi « d’archiver, de documenter ». «C’est un lieu qui n’a rien à voir avec de l’humanitaire. Je me suis rendu compte ici que toutes ces histoires de tous ces gens avaient besoin d’être archivée quelque part, documentés car on ne savait pas ce qu’il adviendrait une seconde plus tard. Moi-même j’avais un document partagé avec mes amis parce que je ne savais pas si j’allais mourir aujourd’hui ». Il confie aussi : « J’ai expérimenté 5 guerres, quand j’avais 5, 9, 21 ans…, à plusieurs périodes de ma vie et je les compare. Ça commence avec mon histoire personnelle et j’amène ensuite les histoires d’autres personnes dans le corridor que j’interprète comme si c’était ma propre histoire. »
En résidence en France, il pourra continuer son projet artistique qui prend la forme d’un monodrame mêlant danse, sport et récit. En attendant, il serait en atelier cet été au centre socio-culturel de Borny dans le cadre d’un programme Jeunes ESTivants. Mohammed pense désormais pouvoir prolonger son séjour au-delà du 30 septembre, date où il devrait rentrer en Egypte.