L’ancien maire PS de Florange, Philippe Tarillon, se présente à nouveau dans sa commune, plus de 10 ans après avoir laissé les rênes à la droite.
« Ne pas se tromper d’adversaire », annonce d’emblée Philippe Tarillon, l’ancien maire de 2001 à 2014. « Nos opposants ce ne sont ni Rémy Dick, ni le Pacte Florangeois, mais bien les problématiques actuelles des habitants ». Pour autant, le candidat à la mairie fait le constat d’un accord pour l’instant impossible avec une liste d’opposition constituée « de socialistes qui ne sont plus au parti et de macronistes, je ne pense pas qu’elle soit vraiment de gauche ». Avant d’affirmer « si quelqu’un m’avait convaincu, je l’aurais volontiers suivi. Lorsque j’ai rassemblé autour de moi, on m’a dit que mon engagement serait naturel ». C’est donc une candidature mûrement réfléchie depuis l’été 2024 qui a été annoncée vendredi, 10 ans après une défaite « dont je prends la responsabilité ».
Le revoilà donc avec Florange Avenir, une liste « qui n’est pas de gauche… mais qui est composée de personnalités de gauche ! » Des militants de Génération.s, du Parti communiste (dont l’ancienne candidate aux Européennes), du PS mais aussi des personnes de la vie civile, qu’il a souhaitées nombreuses. « Nous sommes tous rassemblés par une volonté : mettre la ville au centre de nos préoccupations », ajoutent les candidats. Parmi ses soutiens du soir se trouve même Michel Decker, ancien maire DVD démissionnaire, venu critiquer le projet de l’A31 bis largement contesté par le candidat. « J’ai l’impression qu’on a vendu notre droit d’aînesse contre un plat de lentilles sur ce projet, s’indigne Philippe Tarillon. On avait réussi à le repousser et le maire s’est rallié au projet ». Avec une conséquence sur la zone Sainte-Agathe et donc l’attractivité de la ville : « Nous avons mis 50 ans à développer cette zone, on va rayer une centaine d’emplois. Ils seront relocalisés certes, mais où ? Ce qu’on leur propose ne vaut pas cette vitrine au bord de l’autoroute ».
« La maison Florange en a pâti »
Après 10 ans de droite, quel constat ? « Même si je n’ai rien contre la personne de Rémy Dick, je conteste fortement sa politique ». Parmi ces principaux points de friction avec le maire en place : les investissements de la ville. Il prend pour exemple la Passerelle, renouvelée et rénovée. Tout en critiquant le choix d’avoir mis à l’écart l’illustre directeur Pascal Jaskula, et par ricochet une certaine programmation, Tarillon évoque « la gouvernance Dick, un peu autoritaire et une manie de vouloir tout contrôler ». Le chantier était « nécessaire » mais « on a été trop loin, c’était trop coûteux et on a endetté la ville, ce qui va peser sur les finances locales ». Pour lui, « la maison Florange » en pâtit. Le « surinvestissement » a ainsi des répercussions sur les services publics de la municipalité. Pour lui il faudra ainsi laisser la piscine de Florange ouverte, créer une cuisine centrale ou encore reprendre les rênes de la Passerelle pour « ne pas qu’elle devienne une délégation de service public dans quelques années ».
Pour 2026, il annonce « ne pas promettre la Lune » et revenir à une gestion raisonnée pour réduire l’emprunt. « Nous aurons fin 2025 une dette directe de 17 millions d’euros, et les nombreux investissements qui suivront seront autant de dettes pour ses successeurs (…) c’est un bilan financier inquiétant ». L’écologie est aussi dans son programme, lui qui conteste « la bétonnisation » du centre, qui a elle aussi été trop loin. « Et ce n’est pas un problème de personnel qui fait ce qu’il peut avec les moyens qu’on lui donne pour les espaces verts ou la voirie ». Enfin, Tarillon veut s’assurer une équitable gouvernance dans le dossier de la fusion de la grande agglomération. « Je ne conteste pas le projet mais la forme… En 2020, il y aurait du y avoir des avertissements clairs pour les citoyens sur ce qui allait arriver. Je ne souhaite pas que la grande agglo prenne les moyens de la Fensch pour les projets de Thionville ».
Pour 2026, ce ne sera donc « ni une revanche ni une volonté d’avoir une carrière politique, je ne suis pas dans l’ambition, je veux juste mettre ma connaissance du territoire et des enjeux au service des Florangeois ». Le candidat, qui assure ne pas viser non plus la présidence ou la vice-présidence de l’agglomération, promet d’éviter le surinvestissement tout en redynamisant le centre avec une « gouvernance démocratique et non autoritaire ». Les séquelles de quelques trahisons sont encore fortes dans son discours : à 64 ans, « touché par la limite d’âge », il quittera ses fonctions au Luxembourg pour s’engager pleinement dans la campagne qu’il espère « digne et sur les idées, après trop de dérapages dans tous les camps ».