Le projet, lancé en 2021, accueillera un espace cultuel mais aussi culturel. L’association de La Grande Mosquée de Metz espère achever la première partie des travaux d’ici 2026.
Les 12 000 m2 de la future Grande Mosquée de Metz (GMM) sont pour l’heure en stand-by. La première tranche des travaux, nécessitant une enveloppe de 5 millions d’euros afin de construire l’espace cultuel est toutefois déjà bien avancé. Une grande salle de prière, pouvant accueillir jusqu’à 4 000 fidèles, ainsi que ses annexes, pourraient être achevés en 2026 en fonction des dons obtenus par l’association de la GMM. Le pôle culturel, qui accueillera une bibliothèque, un musée ou encore divers expositions, ainsi que les pôles éducatifs et services nécessiteront quant à eux 10 millions d’euros supplémentaires. Coût total donc : 15 millions d’euros. Les travaux reprendront lorsque des financements supplémentaires auront été trouvés.




« La création d’un tel lieu est nécessaire », selon son président Mohamed Hicham Joudat. Auparavant, les fidèles priaient dans la rue lors des jours de fête, faute de structure adaptée. « Des solutions provisoires, comme la location d’un stade ou du Parc des Expositions de Metz, étaient mises en place, mais pour un coût de 15 000 € pour une demi-journée (…) » Mais plus qu’un édifice religieux, « la volonté est de créer un lieu pour rassembler tout le monde, musulman ou non, un carrefour où l’on se rencontre » notamment grâce à l’espace restaurant ou bibliothèque, ou encore l’atelier de calligraphie. Jean-Marie Rausch, maire à l’époque où le projet était encore en réflexion, avait alors proposé à l’association d’obtenir d’anciens locaux militaires pour donner vie au projet. Son successeur, Dominique Gros, avait ensuite acté la signature d’un bail emphytéotique puis du permis de construire pour le projet que l’on connaît aujourd’hui.
La question du financement
Le financement de la Grande Mosquée repose principalement sur les dons : un espace permettant l’auto-financement y sera d’ailleurs dédié dans l’édifice. Récemment, la Ville de Metz, accordait une subvention de 490 00 euros votée lors du conseil municipal, possible grâce au Concordat. « Il est juste de traiter de façon équitable nos concitoyens musulmans qui en ont plus besoins que les autres, les principaux lieux de culte étant indignes (…) générant aussi des problèmes de circulation ou stationnement pour les riverains », détaillait le maire François Grosdidier à notre micro à la sortie du conseil municipal en juillet dernier. Toutefois, l’UFAL a formulé une requête devant le tribunal administratif de Strasbourg visant à annuler la délibération du conseil municipal.
Autre don : celui du roi du Maroc Mohamed VI, à titre personnel et à hauteur d’1 million d’euros. De quoi susciter la aussi une vive polémique. « Nous sommes opposés à toute forme de subventions pour financer les cultes et avons le même regard sur tous les cultes. Au regard du droit local, nous demandons surtout de la transparence » déclarait Matthieu Gatipon-Bachette, président de l’UFAL 57, contacté le 29 janvier 2025 après la publication d’un poste Facebook interrogeant sur une potentielle ingérence du Maroc, avant d’entamer une procédure judiciaire.
La demande de l’UFAL a finalement été déboutée par le tribunal. La loi du 24 août 2021, sur le renforcement des principes de la République, n’interdit effectivement pas le soutien des associations françaises par des acteurs étrangers, à condition qu’il soit déclaré au ministre de l’intérieur, « comme cela a été fait par la GMM », précise son président. « Nous avons fait des demandes au niveau national et international, et le roi du Maroc est le premier à nous avoir répondu. Il n’y a aucune demande de sa part en parallèle, il n’y a pas d’ingérence quelconque » conclut-il, en rappelant que des ambassadeurs et ministres de pays divers se sont déjà rendus sur le chantier, espérant que certains d’entre eux acceptent à leur tour de subventionner le projet.