Présidente de la Ligue Féminine de Handball depuis 2013, Nodjalem Myaro est une des artisanes de l’évolution du championnat français. À l’occasion de la conférence de rentrée de la LFH, cette ancienne joueuse a accepté d’évoquer, le temps d’une interview, les enjeux de la saison mais aussi les évènements des derniers mois, avant de revenir quelques instants sur sa carrière de joueuse et son passage par Metz Handball.
Comment se porte la LFH alors que la reprise des compétitions est imminente ?
C’est la seizième rentrée de la LFH, une entité qui a connu au fil de son histoire de nombreuses aventures et on a envie de prendre l’élan des Jeux Olympiques et de l’été écoulé pour continuer à progresser. Parmi les grands thèmes, il y a le remplissage des salles, les enjeux sportifs et la recherche de partenaires qui nous permettraient de grandir plus vite.
Cet été il y a eu d’une part les Jeux Olympiques et une belle médaille d’argent française et d’autre part des difficultés côté club à Noisy et à Nantes, ça gâche forcément la fête…
La situation de Nantes était compliquée parce que nous avions eu tout d’abord l’information que cela allait être dur mais que le club avait tout fait pour que la saison 2024/2025 puisse passer avant de trouver un repreneur, avant d’apprendre juste avant les JO que ça ne serait pas du tout le cas et qu’il y avait un caractère urgent à la situation. Ça touche tout une économie et des salariés – joueuses, personnel administratif, entraîneurs, staff, mais aussi la dynamique locale du handball féminin. On a fait au mieux pour accompagner ce club et qu’il ne disparaisse pas en revenant directement en deuxième division. Toute cette situation est un paradoxe entre la joie des JO et cette difficulté d’un club.
« On ne peut pas dire que les clubs soient en danger économique »
Quel est le pouvoir de la LFH sur ces dossiers complexes ?
Aucun ! (rire)
La LFH n’a aucun pouvoir économiquement, on ne peut pas donner d’argent à un club plus qu’à un autre, ce qui ne serait pas équitable. On peut les soutenir, organiser des rendez-vous avec des partenaires à l’échelle locale, mais nous devons rester dans le respect des règles. Sur ce dossier, il y a eu un soutien, le président de la fédération a été présent lors de divers échanges, avec la mairie de Nantes et les collectivités… Mais c’est tout ce qu’on peut faire tout en montrant que la LFH est une compétition sérieuse, engagée…
D’autre part, il y a le côté très réglementé qui n’appartient pas à la LFH mais à la CNCG, une commission autonome qui fait ses choix et nous en informe. Il y a un périmètre à respecter en bonne intelligence.
Il y a une vraie question de modèle économique des clubs qui doit évoluer…
Aujourd’hui on ne peut pas dire que les clubs soient en danger économique, malgré ce qu’il s’est passé. De nombreux clubs ont une bonne stabilité comme à Metz, ce qui n’empêche pas de réfléchir aux différents modèles. Quand il y a un investisseur unique qui met autant d’argent, il y a le risque que tout s’effondre quand il part.
Cela fonctionne aussi avec les clubs qui dépendent uniquement de financements publics.
Tout à fait, la bonne solution se trouve dans le mélange entre financements publics et privés, cela permet de garder un équilibre quand un des éléments est en difficulté. À Nantes, on a vu un modèle économique monter très très fort pour se positionner 2ème ou 3ème budget de la LFH… mais cela s’est effondré très vite.
« On est aussi dans un devoir sociétal »
Quels sont les grands chantiers de la LFH actuellement ? On se souvient de celui de la convention collective qui a fait avancer la situation des sportives…
Ce que j’aimerais c’est qu’on parvienne à trouver des partenaires qui nous accompagnent et vivent cette aventure avec nous. Il y a vraiment cette recherche pour gonfler l’économie de la LFH. Parallèlement à ça, on est aussi dans un devoir sociétal, on parle à des jeunes femmes, à des femmes aguerries et on veut vraiment valoriser la transmission. Il y a un travail sur l’image de la femme que l’on souhaite véhiculer.
Il y a eu l’intégration de la deuxième division à la LFH pour permettre une meilleure voie vers le professionnalisme, pourtant de nombreuses voix s’élèvent pour une LBE à 12 clubs avec des considérations de calendrier et d’homogénéité. Quel est votre regard sur ce sujet ?
Il y a des arguments qui peuvent s’entendre de chaque côté. Est-ce que l’on va vers 14 clubs qui représentent plus de territoire à l’échelle nationale ou vers 12 clubs qui représentent une certaine élite ? Cela ne veut pas dire que l’on fonctionnerait en ligue fermée, ce principe n’est pas envisageable pour nous. Il faut aussi regarder du côté des clubs bien structurés, est-ce qu’on est plus sur 14 ou sur 12 ? Il y a l’aspect compétition et effectivement l’aspect calendrier qui est très condensé et qui ne permet pas l’organisation d’un évènement phare pour la LFH. En réduisant le nombre de clubs, on pourrait envisager un évènement phare qui valoriserait la compétition. Un Final 4, quelque chose comme la coupe de la Ligue ou les playoffs qui existaient avant.
Il faut savoir ce que l’on veut montrer de la ligue, ce n’est pas seulement le cas de deux clubs qui descendent ou montent, il y a une réflexion plus profonde.
Les deux dernières saison c’est Metz Handball qui a tout raflé, la disparition de Nantes enlève un concurrent, est-ce qu’il ne va pas manquer un club de ce calibre ?
Vous savez l’être humain n’aime pas trop le vide ! (rire)
On peut faire confiance à Paris, Plan de Cuques, Chambray, Dijon… Il y a des clubs qui vont trouver leur place au fil des saisons et aller titiller Brest et Metz.
« J’ai trop de souvenirs à Metz pour en retenir un seul »
Pour la dernière question, laissons la présidente de côté et souvenons-nous de la joueuse, il y a eu quelques belles saisons à Metz Handball, quel grand souvenir peut on en tirer ?
Je ne peux pas en retenir un ! J’ai passé sept ans à Metz et ce sont sept saisons superbes. Quand je suis arrivée à Metz j’ai quitté mes racines de Toulouse, il y a eu l’équipe de France en parallèle, j’ai joué avec des amies… Je me rappelle des grands rendez-vous entre Metz et Besançon que l’on gagnait parfois à l’arrachée… Il y a eu les coupes d’Europe que l’on a bataillé à accrocher. Ce souvenir aussi du palais des sports qui a brulé et qui a donné naissance aux Arènes ensuite. J’ai trop de souvenirs à Metz pour en retenir un seul, c’est la période où j’étais au top de ma carrière, il y a des souvenirs très personnels et individuels, des souvenirs collectifs, j’ai aussi connu les blessures avec de très bons accompagnements… Il y a trop à dire et je n’y suis pas restée sept ans pour rien.
Toute l’actualité de Metz Handball et du handball féminin est à retrouver chaque vendredi à 19h00 dans l’émission Dragonnes Mag’ sur Moselle TV.