Le jeudi 11 décembre 2025 était une date très attendue des travailleurs transfrontaliers du Grand-Duché. Après les résultats jugés décevants de la 8e Commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise, les délégations se sont plongées dans les coulisses du monde transfrontalier.
Un Eldorado, mais à quel prix ? Tout n’est pas rose pour les transfrontaliers. En visite chez La Provençale, un grossiste alimentaire, Benjamin Haddad, ministre délégué français chargé de l’Europe, et Xavier Bettel, vice-premier ministre du Luxembourg, ont fait face à l’envers du décor.
L’occasion pour les Mosellans travaillant au Grand-Duché de les interpeller sur leur bête noire : les transports.
« Ça impacte vraiment ma vie » : l’enfer des trajets pour les frontaliers
Constance Jardez, responsable adjointe à La Provençale, habite à Florange. Une distance raisonnable de 34 kilomètres qu’elle parcourt pourtant en 1h30 à l’aller et en 1h au retour. « Ça impacte vraiment ma vie quotidienne parce que je ne vois pas mon conjoint », se désole-t-elle.
Même problématique pour Samira Kabil, commerciale, qui met jusqu’à 1 h 20 pour 24 kilomètres. « Vous avez une petite fille, vous vous organisez comment ? », lui demande Benjamin Haddad. Justement, cette mobilité transfrontalière défaillante impacte la gestion de la garde de ses enfants.
La commerciale développe : « C’est un peu compliqué vu que tout ce qui est périscolaire et crèche, ça n’ouvre pas à des heures qui correspondent à nos postes. Nos enfants vont au périscolaire du matin, vont à la cantine le midi et ils vont au périscolaire du soir. On appelle à une nounou quelques heures le matin et c’est elle qui va aller déposer l’enfant à 7h30. Tout ça, c’est un gros coût : entre 400 et 500 euros par mois, juste pour le périscolaire et la cantine. »
Tout de même quelques annonces pour les frontaliers
Si ce n’est pas une réponse sur les frais de garde, le matin-même, à l’occasion de la 8e Commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise, le Grand-Duché a appuyé sa volonté d’aider à la construction de crèches en France.
Xavier Bettel, vice-premier ministre du Luxembourg, annonce : « Pour les crèches, on s’est engagé à continuer notre analyse et qu’on aurait une proposition d’ici à la fin de l’année prochaine. Ou en tout cas au deuxième semestre 2026, lors de la prochaine Commission intergouvernementale. »
À noter que lors de cette rencontre entre délégations, des accords bilatéraux ont été signés. À partir du 1er janvier 2026, n’importe quel résident français du Nord de la Lorraine pourra consulter un dermatologue au Luxembourg pour des soins primaires. Sur le télétravail en revanche, aucune avancée concrète.
« C’est une étape aujourd’hui, le compte n’y est pas »
Quant aux transports, sur lesquels des accords étaient très attendus, c’est finalement une grande enquête de satisfaction qui va être lancée. Des annonces en demi-teinte.
Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe, déplore : « C’est une étape aujourd’hui, le compte n’y est pas, mais on va continuer à travailler avec le gouvernement luxembourgeois pour simplifier la vie des frontaliers qui contribuent vraiment au dynamisme de ce pays et de cette région tout entière. »
Des résultats jugés « pas à la hauteur » par la délégation française. Une forte attente et pression de la part des transfrontaliers luxembourgeois se fera ressentir lors de la prochaine commission intergouvernementale. Rendez-vous au second semestre 2026.





