Les municipales s’activent au Ban-Saint-Martin, près de Metz. Pour la première fois depuis 2008, trois listes (au moins) vont s’affronter.
Ban-Saint-Martin, petite commune de 4500 habitants mais… trois prétendants au siège de maire. Jusqu’en 2026, c’est l’un des plus anciens maires de la métropole messine, Henri Hasser (DVD), qui restera à la tête de la commune. Il l’est depuis 1995 mais nous a confirmé dans une interview mardi son intention d’arrêter. « Oui, je suis fatigué, je peux le dire, ce n’est pas une honte. A 71 ans, et après avoir accompli tant pour ma ville en 30 ans, je peux prétendre à un peu de repos… » Lui qui est aussi vice-président à l’urbanisme à la métropole avance aussi une santé fragile. En coulisses, les rebonds judiciaires sur le PLUi lui ont aussi tapé sur les nerfs.
Dans cette petite commune à l’ouest de la ville-centre, on s’active donc pour trouver un remplaçant. Vue par beaucoup comme la banlieue de Metz (« et en même temps, ce n’est pas faux de la dire », s’amuse le maire), un terme qui n’est pas toujours mélioratif pour le « BSM », on cherche à s’imposer comme une ville à part entière. C’est en substance le contenu des deux programmes d’opposition qui se lanceront dans la bataille en 2026. Faire de cet ancien village, qui a bien grossi, une ville attractive et dynamique. Car, selon l’un des candidats, la ville est « endormie » après 30 ans de mandats. Aux dernières élections, Hasser avait été élu autour des 66% (en 2008 face à la gauche, en 2014 face à une liste de gauche et une du centre), et même 87% des exprimés en 2020 avec une liste seule en lice.
Deux listes issues des élus actuels
Et contre lui, on retrouvera notamment un conseiller municipal, élu sur cette liste, Patrick Scharf. Communicant, ancien journaliste, sa liste a été officialisée mardi, sans surprises. On y trouvera deux conseillers actuels, ou encore Francis Hector, pionniers des TIC à Metz dans les années 90. Son programme semble très empreint de ces profils : du dynamisme pour « changer l’image de la commune, qui n’est pas très sympathique de l’extérieure » (nouveau logo, nouvelle signalisation, refonte du magazine municipale, partenariat avec plus d’institutions…) et des actions incitatives pour faire venir les commerces en ville, avec la présence de Martial Pidolle (DG de Car Avenue). Mais le coeur du programme, ce sera « l’amélioration du cadre de vie » et « la modernisation du système d’éclairage ». Des LEDs pour plus de sécurité et une réduction de la facture au budget communal. « Je ne pense pas que la sécurité soit un vrai problème, pour autant nous allons y réfléchir sérieusement » ajoute-t-il en évoquant la police nationale et métropolitaine qui « font ce qu’ils peuvent » et qui seraient complétées par des municipaux.
En face de lui, quelques semaines plus tard, Anne-Catherine Leucart a été la première à dégainer. On l’avait découvert aux Départementales 2021 (8% avec Thomas Scuderi sur Metz-3) et Législatives 2022 (presque 5% avec le Parti Radical). Une liste est déjà constituée, mais la tête n’est pas encore choisie entre Grégory Sellier et elle. Pressentie pour être sur une liste du centre à Metz il y a quelques mois, elle a finalement accepté de s’engager à Ban-Saint-Martin sur une liste à tendance centriste (« mais ouverte à tous sauf aux deux extrêmes »). Son programme ne sera dévoilé qu’en début d’année mais il fera surtout la place à l’animation du centre-ville, la préservation écologique et des actions en faveurs des jeunes et des seniors. Comme son concurrent, elle parle de « bétonnisation du centre-ville » et critique « la fête de la Pomme« , « seul réel événement ». « Nous ne sommes pas dans la débauche de projets, nous avons conscience des réalités économiques de la ville et on s’engage sur des projets réalisables », tempère-t-elle. « Et surtout, nous nous appuierons sur la démocratie participative. Regardez le parc Jung, il y a eu 44 000 signataires et pourtant la démolition est en cours ».
Hasser soutiendra son adjointe pour la continuité
Qui aura donc l’adoubement du maire pour 2026 ? Mardi, Henri Hasser nous a présenté sa protégée, Joy Hendrix, adjointe actuelle de la mairie, qui conduira la liste de la « continuité » et de la « majorité municipale ». La moitié de son équipe sera composée d’élus actuels. L’autre sera renouvelée suite au départ, notamment, de trois adjoints qui veulent aussi se reposer après 30 ans de bons et loyaux services mais qui confient continuer à soutenir l’adjointe. « L’idée sera d’être dans la continuité du travail fait, mais apporter un vent de fraîcheur, explique Joy Hendrix. On va garder les projets majeurs qui ont démarré sur ce mandat et les faire aboutir à partir de 2026 ». Notamment la passerelle Wadrineau, dont le maire actuel évoque un léger regret de ne pas voir son aboutissement après des années de travaux. Trois listes qui ne devraient pas s’allier donc, une première depuis 2008…
« Je ne la connais pas »
Trois listes ou un accord possible ? Après tout, deux candidats sont issus du conseil actuel. La question ne se pose pas. À la mairie on estime « ne pas avoir la même façon de faire de la politique » que Patrick Scharf et des projets trop coûteux pour la ville. En conférence de presse, ce dernier estime que le maire « aurait sa place sur sa liste » mais jamais il ne prononcera le nom de son adjointe qui lui fait face, « trop jeune » et « qui est la voix de son maître ». Quant à Anne-Catherine Leucart, « je ne la connais pas donc je ne vais pas parler d’elle ». Ambiance.





