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Chez les agriculteurs, la Loi Duplomb fait débat 

L’Assemblée nationale a rejeté ce lundi la proposition de loi agricole Duplomb, et évite ainsi les amendements déposés par le bloc de gauche. Des discordes politiques, aussi présentes chez les agriculteurs. 

La loi agricole, dites Duplomb, a plusieurs objectifs. L’un des plus importants, et celui qui fait le plus débat : l’autorisation des pesticides néonicotinoïdes, interdits en France depuis 2018. Un retour en arrière pour certains, une avancée pour d’autres. Débattue au Parlement depuis ce 26 mai, elle est visée par de nombreux amendements, déposés pour la plupart par La France insoumise et par Les Écologistes. Des amendements qui eux aussi posent problème, surtout pour ceux qui défendent le proposition de loi. On vous explique. 

La Loi Duplomb, au nom de la concurrence

Pour certains syndicats, comme la Coordination rurale, la Loi Duplomb pourrait être une bonne chose, et ses amendements un frein à de meilleures conditions de travail des agriculteurs. « Les amendements rendent la loi contraignante pour les agriculteurs, explique Laurent Vaucher, secrétaire général du syndicat, en France on veut laver plus blanc que blanc ». Certains des amendements concernent effectivement la réintroduction de ces pesticides néonicotinoïdes. Interdit en 2018, ils seraient nocifs pour les abeilles, et pour la pollinisation. Mais d’autres pays en Europe les utilisent encore sur leurs cultures. « On nous clame l’Europe, mais finalement on est le dindon de la farce », s’agace Laurent Vaucher. 

Les agriculteurs français semblent ainsi subir une concurrence déloyale de la part de leurs homonymes étrangers, c’est pourquoi la Coordination rurale appelle à « un peu de bon sens de la part des hommes de gauche », ainsi qu’à une limitation des importations. « Quand on ne produit plus, on importe de la marchandise qui est produite d’une manière pire, mais on ne regarde pas avec autant d’attention comment c’est produit à l’étranger », conclut le secrétaire général. Car oui, d’autres pays d’Europe utilisent des néonicotinoïdes, et font de l’ombre aux agriculteurs français, dont les cultures s’avèrent être piquées par les insectes.

La Loi Duplomb, un retour en arrière écologique 

Mais dans d’autres syndicats, le point de vu est quasi-diamétralement opposé. Dans l’ADN même de son syndicat, la Confédération paysanne se refuse à l’utilisation de pesticides. Dans cette logique, le syndicat s’oppose à la loi Duplomb, et soutient tout amendement lui mettant des bâtons dans les roues. « La loi revient complètement sur les avancées qu’il y a pu avoir, c’est faire passer des données économiques avant la santé des gens », assure Mélanie Hoff. Elle explique qu’en superposant sur une carte les zones où des pesticides sont utilisés, ces zones coïncident avec les endroits où les cancers et les maladies infantiles se développent le plus. 

« C’est le soutien à nos agriculteurs, et la réglementation du marché qui nous aidera, pas les pesticides », rebondit Mélanie Hoff. Si une concurrence pure et parfaite ne semble pas exister, les agriculteurs continuent de se diviser quant aux solutions possibles à la survie de leur agriculture. Le discours du libre arbitre dans les champs ne semble quant à lui pas plaire à tous les syndicats. 

Hier, l’Assemblée a rejeté le texte pour éviter l’examen des amendements, et ainsi passer à l’étape de la commission mixte paritaire. Un choix stratégique de la part des politiques à l’initiative de la loi, puisqu’ils considéraient les amendements comme une obstruction de la part des opposants, qui de leur côté dénoncent un acte anti-démocratique. Le dossier sera étudié par la commission mixte paritaire, puis revoter dans les deux chambres, sans possibilité d’ajouter des amendements au texte Duplomb. Affaire à suivre donc. 

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