Alors que la France envisage de prolonger la durée de vie de la centrale nucléaire de Cattenom au-delà de 2026, plusieurs communes luxembourgeoises montent au créneau pour exiger sa fermeture.
La centrale nucléaire de Cattenom, implantée en Moselle, à quelques kilomètres de la frontière luxembourgeoise, cristallise une nouvelle fois les tensions. Il ne s’agit pas cette fois d’une nouvelle manifestation du personnel, mais ce sont plutôt les voisins luxembourgeois qui réclament la fermeture du site pour des raisons de protection de l’environnement. Ceci après que l’Autorité de sûreté nucléaire française a donné son feu vert à la prolongation d’exploitation du site, construit dans les années 1980, au-delà de 2026. C’est bien cette perspective qui suscite de vives inquiétudes au Grand-Duché.
Lundi 18 août, le bourgmestre de Roeser, Tom Jungen, a annoncé la relance de la plateforme des communes contre l’énergie nucléaire, créée en 2011. 27 communes luxembourgeoises ont rejoint l’initiative, parmi lesquelles Dudelange, Bettembourg, Esch-sur-Alzette, Schifflange ou encore Vianden. Ensemble, elles réclament l’arrêt de Cattenom et se disent prêtes à rencontrer le ministre de l’Énergie Lex Delles pour faire valoir leurs préoccupations.
Deux voisins, deux visions
Pour le Luxembourg, Cattenom représente une menace directe. Les élus locaux rappellent les fissures dues à la corrosion sous tension découvertes ces dernières années, dont les causes ne sont pas pleinement élucidées. Ils dénoncent une technologie qu’ils jugent « dépassée » et insistent sur la nécessité d’accélérer la transition énergétique vers les renouvelables.
Côté français, l’intérêt est tout autre. Cattenom, c’est au moins 3750 emplois dans le Grand Est selon l’Insee. Elle est aussi considérée comme une pièce maîtresse du parc nucléaire national, avec ses 4 réacteurs capables chacun de produire jusqu’à 3 817MWT. Dans un contexte de crise énergétique et de lutte contre les émissions de CO₂, Paris voit dans la prolongation du site un atout pour garantir indépendance énergétique et stabilité des prix de l’électricité.
Depuis son inauguration et dès les années 80, la centrale de Cattenom est régulièrement pointée du doigt par les pays voisins – Luxembourg, Allemagne, Belgique – qui s’inquiètent de sa proximité immédiate et de son impact potentiel en cas d’incident. Les bourgmestres luxembourgeois dénoncent une centrale qui peut, en cas d’accident « rayer le Grand-Duché de la carte ».
Alors que la France avance l’argument de la souveraineté énergétique, le Luxembourg réclame la sécurité et l’accélération du tournant vers les renouvelables. Comment concilier ces deux points de vue ? La question reste entière.
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