Tristan Sprunck, ancien militaire jugé pour le meurtre d’un de ses camarades à Bitche en 2022, est condamné par la cour d’assises de Metz à 30 ans de réclusion criminelle.
« Des violences réfléchies, froides et professionnelles, ne laissant aucune chance au première classe Sulyvan Flora« . C’est pour cela que l’avocate générale a requis la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre de Tristan Sprunck, ancien caporal chef au 16e bataillon de chasseurs à pied de Bitche, âgé aujourd’hui de 26 ans. Après trois jours de procès, il est condamné à 30 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des deux tiers pour le meurtre d’un de ses camarades avec lequel il avait un différend.
Le fait d’assumer pleinement la responsabilité n’est pas commun, mon client a été droit dans ses bottes jusqu’au bout… s’il avait été plus compatissant, on aurait peut-être pu faire baisser un peu la peine.
Me Martial Gagneux, avocat de la défense
Les faits remontent au 30 juin 2022, au cœur de Bitche Camp. Tristan Sprunck est alors accusé d’avoir prémédité le meurtre de Sulyvan Flora, soldat de première classe d’origine guyanaise. En poste dans la même unité, les deux hommes devaient tenir une garde commune à l’armurerie de l’institution, basée en Moselle-Est.
Selon les propos recueillis par l’AFP, l’accusé tenait le soldat Flora pour responsable de l’incendie de sa voiture sur le parking du terrain militaire et aurait décrit ce dernier devant la cour comme emprunt « d’une montée en puissance de la violence sans rencontrer de sanction de la part de la hiérarchie« .
Le matin du meurtre, Sprunck s’était armé d’un couteau, caché dans son treillis. Selon les enquêteurs, il aurait dabord « asséné plusieurs coups de poing » à la victime, après avoir fermé les portes et les fenêtres de l’armurerie, puis des coups de couteau, avant de tirer deux balles, dont une en pleine tête avec l’arme de sécurité de la pièce, un pistolet Glock 17.
Lors du procès, qui s’est terminé ce vendredi 19 septembre, la représentante du parquet a relu à la cour une citation de l’accusé. Ce dernier évoquant les derniers instants de la victime : « il a gémi, ça m’a dégoûté, j’ai attendu qu’il me regarde et je lui ai mis une balle dans la tête« . D’ailleurs, au premier jour de son procès, l’accusé avait déclaré ne pas regretter son geste, pour lequel il nuançait la préméditation. Pour autant, l’accusé lui-même aurait demandé « à être condamné à une peine de réclusion criminelle à perpétuité incompressible« .
De son côté, l’accusation a décrit Tristan Sprunck comme un « enfant maltraité, mal aimé, violent (…) devenu un homme qui n’a évolué que vers le pire : la capacité de commettre un assassinat« . « Le fait d’assumer pleinement la responsabilité n’est pas commun, mon client a été droit dans ses bottes jusqu’au bout… s’il avait été plus compatissant, on aurait peut-être pu faire baisser un peu la peine, a estimé auprès de l’AFP l’avocat de la défense, Martial Gagneux. « Il faut qu’il réfléchisse et se soigne et il aura peut-être un avenir. Et avec un peu de chance il sortira à 43 ans, ce qui lui laisse encore de belles années devant lui.«
Me Catherine Le Menn-Meyer, représentant l’institution militaire (partie civile de ce procès) a condamné ce crime « qui constitue une trahison« . Elle a rappelé qu’au-delà du « drame personnel« , cette affaire a « frappé l’armée en son cœur, sa loyauté mutuelle et sa fraternité d’armes. » En parallèle, la cour a prononcé un suivi socio-judiciaire sur huit années ainsi qu’une interdiction de port d’arme pendant dix ans.
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