À Metz, les livreurs de repas à domicile font partie du paysage urbain, mais leur vitesse et leurs regroupements en centre-ville suscitent quelques tensions. Une expérimentation de zone sans livreur est mise en place.
Depuis la période du Covid-19, ils font partie de notre quotidien. Ils se fondent dans la foule, mais se distinguent par leur grand sac à dos… et surtout par leur vitesse. Les livreurs de repas à domicile dérangent parfois les piétons : « Ils vont trop vite » peut-on entendre, malgré les réglementations affichées dans les rues. Payés à la course, sans salaire fixe garanti, les coursiers se pressent pour enchaîner les livraisons « pour avoir un salaire décent ».
Un autre problème existe. Aux heures de pointe, c’est-à-dire entre 12 h et 14 h et 19 h et 22 h, les livreurs sont souvent amenés à se regrouper. Par conséquent, cet effet de masse peut causer des nuisances sonores qui exaspèrent les habitants. Pour tenter d’y remédier, la ville de Metz a instauré un arrêté municipal : dix zones sont désormais interdites aux livreurs. De plus, ce sont trois zones où ils devront patienter : « Le centre-ville est pour l’essentiel placé en zone blanche. Par contre, nous offrons des alternatives avec des zones d’attente, plus éloignées des habitations, mais en étant tout de même à proximité du centre-ville. » déclare François Grosdidier, maire de Metz. « Il ne s’agit pas d’interdire le phénomène, mais de le réguler, comme nous rappelons d’ailleurs à l’ordre tous les cyclistes, et pas seulement les livreurs, sur les limitations de vitesse à 10 km/h sur le plateau piétonnier, ou sur l’interdiction des vélos électriques débridés ou des véhicules non homologués. »
Une mesure jugée incompréhensible pour certains livreurs qui ne cherchent qu’à « travailler et gagner de l’argent pour vivre ». Laisser son vélo de côté dans la zone blanche puis marcher et « patienter à l’écart des logements » serait un problème pour certains livreurs : « Moi, je fais beaucoup de livraisons, je monte au premier, au deuxième étage, et j’apporte la nourriture aux gens. Certains sont même malades. Donc, si je ne peux pas livrer à temps, ces gens n’auront pas à manger », explique un coursier.
Contacté, Deliveroo se dit « fier de travailler avec de nombreux restaurants, commerces et livreurs et de participer au dynamisme local […] Dans ce cadre, nous avons toujours manifesté notre volonté de coopérer avec la Mairie de Metz afin de permettre aux habitants, restaurateurs, commerçants et livreurs partenaires de bénéficier de nos services dans le respect de la tranquillité publique et des réglementations locales. » L’entreprise britannique de livraison de plats cuisinés poursuit : « Nous regrettons toutefois d’avoir été informés par voie de presse de l’arrêté anti-regroupements de livreurs, sans avoir pu en être préalablement avisés ni associés, malgré la dynamique positive et la communication ouverte avec la Mairie ces derniers mois. Une telle concertation aurait permis de mieux anticiper ses conséquences opérationnelles pour les livreurs, les restaurants et les clients concernés, et d’en relayer efficacement l’information auprès de nos partenaires. » Pour conclure, la communication de Deliveroo rapporte leur volonté de collaborer : « Dans un esprit constructif, Deliveroo réaffirme sa disponibilité pour accompagner la mise en œuvre de cette réglementation et propose d’engager un cadre de collaboration durable avec la Ville, à l’instar des chartes de bonnes pratiques signées avec d’autres collectivités, comme la Mairie du XVIe arrondissement à Paris. »
À la suite de cette réponse, le maire de Metz, François Grosdidier, déclare que les solutions sont « le respect des arrêtés » et poursuit : « Uber Eats a un dispositif qui permet d’empêcher la prise de commande dans les zones blanches, ce dont ne dispose pas Deliveroo. Donc, pour eux, ce sera une application des arrêtés municipaux par la police municipale, sachant que nous informons directement les livreurs par des flyers qu’on leur distribue, traduits dans diverses langues. » Une campagne de sensibilisation est réalisée : « Nous avons fait déjà beaucoup de campagnes en leur distribuant des flyers pour leur rappeler les règles du code de la route et particulièrement celles s’appliquant aux cyclistes, et notamment dans le centre-ville. »
Du côté des restaurateurs, l’importance des livreurs n’est plus à démontrer. Mais certains reconnaissent que les retards ou absences ternissent l’image des établissements. Un premier bilan de l’expérimentation sera établi dans six mois. En parallèle, une charte de bonnes pratiques devrait être signée entre la Ville de Metz et chacune des deux plateformes, Uber Eats et Deliveroo.
Pour rappel, voici les zones dites « blanches » :
Passage Coislin / rue Coislin
Arcades de la place Saint-Louis
Carrefour Ladoucette / Petit Paris
Rue Fabert
Place Saint-Jacques
Place Jean-Paul II
Place d’Armes
Rue du Palais (jusqu’à la rue Pierre Hardie)
Rue Blondel
Rue Paul Bezanson
Ainsi, les livreurs doivent notamment se regrouper et patienter sur ces zones :
Parking place Saint-Étienne
Place de la République
Boulevard Maginot, à proximité du parking Mazelle
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