Du 24 au 31 août, les gens du voyage de la communauté « Vie et Lumière » viendront pour la 5ème fois à Grostenquin : Salvatore Coscarella, président de la Communauté d’Agglomération Saint-Avold Synergie, fait le point.
À quel moment avez-vous été informé de la venue de la communauté « Vie et Lumière » à Grostenquin ?
Alors c’était le vendredi matin, je m’en souviens très bien. À 7h30, j’ai reçu un appel du préfet qui m’annonçait l’arrivée de cette communauté. Honnêtement, ça ne m’a pas fait très plaisir, car on pensait que c’était terminé. J’ai l’impression que l’histoire se répète.
À un moment, il faudra trouver des solutions pérennes. Il y a une centaine de départements en France, si chacun accueillait à son tour, tout le monde s’y retrouverait.
Le préfet évoque pourtant l’absence d’autres terrains disponibles. Vous en doutez ?
Je ne vais pas remettre en cause sa parole, encore que… Quand on voit que même des Premiers ministres ne tiennent pas leurs promesses, on peut se poser des questions – il fait allusion à Édouard Philippe qui s’était engagé, il y a quelques années, à ne plus jamais faire venir de rassemblement de gens du voyage sur la base de Grostenquin -. Quand on me dit qu’il n’y a pas de terrain, c’est peut-être vrai. Cette année, cette décision vient de tout en haut, du gouvernement, c’est François Bayrou, le premier ministre, qui a accepté de faire venir le mouvement évangélique « Vie et Lumière » à Grostenquin.
Mais si on cherche des solutions à la dernière minute pour accueillir autant de pèlerins, c’est sûr que Grostenquin devient la solution de facilité. La base est prête à l’emploi.
Le problème, c’est qu’on parle ici de 30 000 personnes dans une commune de 600 habitants. Ce n’est pas faisable. Les infrastructures ne suivent pas.
Justement, concernant les infrastructures et la sécurité, que pouvez-vous mettre en place ?
Pour l’instant, nous n’avons eu que deux réunions. Nous avons des exigences : sécurité, environnement…
Mais ce ne sont pas les seules. Il y a aussi l’eau, l’électricité. Prenons un exemple concret : l’eau. L’agence de l’eau me demande de respecter certains indicateurs de performance, notamment en matière de fuites. Or, dès qu’un branchement est effectué sur un hydrant sans compteur, c’est compté comme une fuite.
Donc, non seulement l’eau n’est pas payée, mais en plus, je risque d’être pénalisé financièrement en fin d’année pour dépassement de seuil. C’est une double peine.
On parle de combien de personnes exactement ? 15 000 à 25 000 en fonction du pic de la semaine ?
Votre estimation de 15 000 à 25 000 est large. Moi, je dirais plutôt entre 25 000 et 30 000, voire plus. Il y aurait environ 5 000 à 6 000 caravanes. Faites le calcul : si on met 4 personnes par caravane, ça fait déjà 24 000. Mais en réalité, ils sont souvent plus nombreux. Par ailleurs, j’ai souhaité l’interdiction des caravanes et leur stationnement au sein de la communauté de communes jusqu’au rassemblement, pour éviter tous risques.
Au-delà de l’eau et des infrastructures, il y a aussi la question de la sécurité et de la propreté. Qu’en est-il ?
Effectivement, il y a aussi l’après. Nous avons des réunions chaque mardi à 17h30 avec le préfet ou le sous-préfet et les services de la préfecture.
Mais quant à M. Charpentier, le pasteur, je ne l’ai jamais vu. Il ne m’a jamais contacté. Il préfère traiter directement avec les plus hautes sphères de l’État. Je n’ai même pas son numéro de téléphone ! Aujourd’hui, s’il voulait discuter, il est trop tard. Je ne suis même pas sûr d’avoir envie de le rencontrer, parce qu’il nous considère, nous, les élus locaux, comme des « petits ». Il préfère s’adresser au président ou au Premier ministre.
Je tiens à dire clairement : nous ne voulons pas stigmatiser ces personnes. Ce que nous voulons, c’est pouvoir les accueillir dignement. Si tout se passait bien, cela ne me dérangerai même pas qu’ils soient présents tous les ans. Mais il y a des règles. Sur l’environnement, l’hygiène… Vous avez parlé des excréments, et effectivement, il y a un minimum à respecter.
Concernant la sécurité, que demandez-vous à l’État ?
S’ils mettent autant de gendarmes que la dernière fois – plus de 400 –, cela nous convient. Leur présence avait permis de limiter les infractions. Elles existent toujours, bien sûr, mais elles sont réduites. Cette fois, nous serons plus exigeants.
Nous envisageons aussi de demander un séquestre : une somme d’argent versée à la préfecture, et une fois que tout est terminé, on fait les comptes. Le reste est rendu, ou pas. Parce que si cette communauté ne contribue pas financièrement, on ne s’en sortira pas.
Un dernier mot sur un aspect plus positif : certains commerçants se réjouissent de cette affluence. Est-ce un atout économique pour le territoire ?
Oui, je suis d’accord. Pour certains commerçants, c’est un boost du chiffre d’affaires annuel. Je ne me voile pas la face. Mais mon rôle, c’est aussi de trouver un équilibre entre les retombées économiques et la qualité de vie des habitants.
C’est vrai que l’équivalent de deux fois la ville de Saint-Avold qui débarque, ça consomme. À l’Intermarché, ce ne sont pas une ou deux baguettes qu’on vend, mais 300 à 400 par jour.
Idem pour la viande, pour toute l’alimentation. D’un point de vue commercial, c’est positif. Mais il faut vraiment peser le pour et le contre. Et moi, je dois veiller à préserver le quotidien des administrés.
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