Lundi 24 novembre 2025, l’Insee publiait un rapport détaillant le fort gain salarial pour les travailleurs frontaliers habitant en Moselle et travaillant au Luxembourg. Un Eldorado qui fait rêver. Mais à quel prix ?
Vous êtes vous déjà rêvé transfrontalier ? Franchir la frontière voisine du Luxembourg, pour bénéficier de salaires plus élevés ?
Cette année, selon l’inspection générale de la sécurité sociale du Grand-duché, ils sont 126 000 à vivre cette promesse d’un quasi Eldorado.
En Moselle, ceux qui travaillent au Luxembourg gagnent 65 % de plus
Ryan résume la situation en détaillant son expérience du Luxembourg : « J’étais vendeur en prêt-à-porter, au Foot Locker, je gagnais 2 000 euros et quelques. En France, j’aurais gagné le SMIC ! »
Sans surprise, les frontaliers travaillant au Luxembourg gagnent plus. Selon l’Insee, en 2025, les Mosellans gagnent en moyenne 65% de plus s’ils travaillent au Grand-duché. Mais ce salaire à un prix : celui des déplacements.
« On peut rajouter facilement entre 1h30 à 2h de transport par jour », se désole Baptiste, assistant manager en audit. Il analyse : « L’avantage du train, c’est que ça sera beaucoup plus rapide. Mais le souci, c’est que sur la ligne, il y a beaucoup de problèmes, que ce soit des retards, des trains qui sont annulés, des grèves et j’en passe. »
Où se loger lorsqu’on travaille au Luxembourg ?
Le sacrifice du temps de transport accepté, il faut désormais savoir où se loger. Et du côté du Grand-duché, le marché est saturé et onéreux.
« J’ai grandi au Luxembourg, j’y ai passé 29 ans », raconte Ricardo, « Malheureusement, avec les loyers qui sont assez élevés au Luxembourg, j’ai décidé de venir habiter ici, en France, il y a maintenant deux ans. »
Le Nord Mosellan, un marché immobilier tendu
Mais face à l’afflux des transfrontaliers et des luxembourgeois en quête de loyers moindres, le marché locatif de certaines villes frontalières s’est tendu.
Selon l’Agence d’urbanisme et de développement durable Lorraine Nord, dans le Nord Mosellan autour de Thionville, le prix moyen d’une maison dépasse les 300.000 euros.
« Ça faisait des années que je cherchais un logement à Thionville, ce n’était pas facile », se désole Béatrice.
Des revers de la médaille méconnus
Et si vous n’êtes pas refroidi, il faut avoir en tête des différences administratives qui peuvent s’avérer piégeuses.
« On se retrouve souvent avec des travailleurs salariés qui voient leur arrêt de travail déclaré invalide », rappelle Quentin Gavillet, avocat et membre de l’Association des frontaliers au Luxembourg.
L’homme de loi alerte : « Parfois, on a des travailleurs frontaliers qui ont une invalidité qui est reconnue en France et qui pensent qu’il y a automatiquement une reconnaissance réciproque au Luxembourg. Eh bien, parfois, ce n’est pas le cas. »
Un revers de la médaille qu’il faut avoir en tête avant de céder aux sirènes du Grand-duché.





