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Assistance vidéo : Thomas Léonard partage son expérience d’arbitre de Ligue 1

Au sein des bureaux du District mosellan de football s’est tenue une conférence pour évoquer les nouvelles technologies dans le football, et notamment l’assistance vidéo, destinée aux arbitres. Thomas Léonard, arbitre mosellan de Ligue 1, était présent pour l’occasion.

C’est la fin de soirée lorsque le coucher de soleil illumine, à travers les baies vitrées, les locaux flambant neufs du District mosellan de football. Situés au stade Saint-Symphorien, le DMF accueille en cette soirée plusieurs dirigeants des équipes du département. La thématique de cette causerie ? Les nouvelles technologies au service du football. Les enjeux sont devenus importants pour les clubs amateurs et professionnels. Quant aux arbitres, ils ne dérogent pas à la règle des avancées technologiques, avec notamment l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR), présente dans le monde du football depuis 2017 : « C’est vraiment un plus pour l’arbitrage parce qu’elle est intégrée automatiquement dans les lois du jeu. C’est vraiment une assistance et non pas de l’arbitrage. J’insiste bien sur le terme d’assistance vidéo parce qu’on n’est pas là pour ré-arbitrer. » déclare Thomas Léonard, arbitre mosellan de Ligue 1. « C’est une plus-value dans le sens où ça nous permet d’avoir une éthique sportive, c’est-à-dire qu’à la fin du match, on sait que les décisions qui doivent être prises seront prises. »

D’après Thomas Léonard, dans le monde de l’arbitrage depuis près de 20 ans : « 80% des décisions qui étaient erronées sur le terrain sont corrigées par l’assistance vidéo. » Même si, bien évidemment, « le 100%, c’est l’objectif ultime. » Et pour essayer d’atteindre ce but, les arbitres observent des formations : « Par exemple, au mois d’août, pour la première et deuxième journée, nous avons fait des formations à Paris, au Media Center (lieu où sont rassemblés les arbitres pour assister à distance aux matchs). On revient sur différentes situations pour savoir quels sont les critères qui nous ont permis d’intervenir ou non. » La communication entre toutes les parties est primordiale et en continu pendant les 90 minutes : « Souvent, les joueurs nous disent « Mais là, vous êtes en train de checker ? » Oui, nous sommes en train de checker comme tous les buts et les potentielles fautes. » Il rajoute : « Sur les phases offensives, on va regarder s’il n’y a pas une faute ou un hors-jeu d’un attaquant. Sur une situation en surface de réparation, on va automatiquement regarder s’il n’y a pas un potentiel pénalty. Donc voilà, le VAR travaille en même temps que l’arbitre principal qui ensuite informe les joueurs en disant « Voilà, sur cette situation, j’ai vu la main dans cette position. » »

Pour rappel, le VAR se doit d’intervenir notamment pendant quatre situations clés : un but validé ou non, un pénalty sifflé ou non, un carton rouge direct ou non, et la bonne identité du joueur sanctionné. Mais ce qui peut sembler barbant chez certains supporters, c’est le temps mis pour vérifier ces situations et l’impression que l’arbitre a tendance à changer sa décision une fois que le VAR l’appelle. De plus, ces ralentis accentuent les chocs de certaines situations dans un sport où les contacts restent fréquents et autorisés : « C’est aussi pour ça qu’on insiste très lourdement sur le fait que les arbitres vidéo doivent nous proposer aussi de la vitesse réelle pour qu’on se rende compte de ce que les gens peuvent voir à la télé. Maintenant, il y a tout un travail qui est mis en amont. Il y a des échanges qui sont faits de façon régulière. Ce n’est pas parce qu’on va à la vidéo qu’on va changer notre décision même si 90% du temps, vous allez changer votre décision. » Avec plus de 200 matchs de Ligue 1 et de Ligue 2, Thomas Léonard a de l’expérience. Grâce à cela, il sait comment appréhender certaines situations pour anticiper le bon déroulé d’un match. Il explique notamment que d’aller voir la vidéo permet de s’assurer qu’il a pris la bonne décision, mais pas seulement : « Revoir les images nous permet de confirmer et d’apaiser et, à un moment donné, de calmer les situations qui peuvent devenir un peu compliquées sur le terrain. »

« ce qui m’anime tous les jours, c’est de me dire, quand je siffle le coup de sifflet final, j’ai pris les bonnes décisions »

Les nouvelles technologies permettent aux arbitres de progresser et de mieux appréhender une rencontre. Les matchs sont bien préparés par les arbitres avant le week-end de la rencontre. Thomas Léonard, affilié au CS Veymerange Elange en Moselle, regarde le match des équipes qu’il va arbitrer : « On prépare nos matchs physiquement, mentalement et techniquement avec des process. » Et cela, grâce à des plateformes auxquelles les arbitres ont accès : « Elles nous permettent d’analyser des matchs, les équipes, de voir un petit peu quelles sont les tactiques employées sur des coups de pied arrêtés, sur des coups de pied de coin, par exemple, savoir si on a un joueur qui va se positionner devant le gardien, comment est-ce qu’il va se comporter, est-ce qu’on a des joueurs qui vont partir de l’extérieur de la surface pour rentrer dans la surface. » Il est observé aussi le comportement des joueurs « même si à force, on les connaît un peu tous », sourit l’arbitre mosellan. Ce gros travail en amont permet d’une certaine façon d’anticiper ces situations pour être en alerte continuellement : « Un arbitre professionnel aujourd’hui, de Ligue 1, de Ligue 2, même de National, prépare physiquement, techniquement, mentalement ses matchs pour être prêt le jour J et avoir la prestation qui soit la plus aboutie possible. »

Pour savoir si les arbitres vont participer à des rencontres de Ligue 1, de Ligue 2, ou d’un échelon inférieur, leurs prestations sont notées. Mais selon Thomas Léonard, messin de naissance, cela n’influe en rien sur la prise de décisions d’un arbitre durant un match de Ligue 1: « Ce qui nous anime en priorité, c’est la justesse de la décision technique. Si on commence à penser à notre notation, je ne suis pas convaincu qu’on va rester régulièrement sur les matchs de Ligue 1 ou sur les matchs de Ligue 2. Donc, à partir de ce moment, la notation doit être un facteur inverse. Moi, ce qui m’anime tous les jours, c’est de me dire, quand je siffle le coup de sifflet final, j’ai pris les bonnes décisions et qui sont justes par rapport à ce que le terrain attendait. »

(Crédit photo : Droits réservés)

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Mattéo Philipp
Mattéo Philipp
Journaliste Reporter d'images

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