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Accord franco-algérien : vote historique du RN, soutenu par la droite

L’Assemblée nationale a adopté de justesse la proposition du RN visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968.

L’Assemblée nationale a adopté jeudi la proposition du Rassemblement national visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968, qui encadre le séjour et la circulation des ressortissants algériens en France. Le texte, soutenu par les députés RN et une partie des Républicains, a ravivé un clivage politique sensible entre défense de la souveraineté migratoire et préservation des liens historiques entre Paris et Alger.

Cette motion, acquise à une voix près (185 pour, 184 contre), a obtenu l’approbation de l’ensemble des élus RN et de ses alliés UDR, mais aussi de 26 membres de la droite républicaine, dont le député LR de Moselle Fabien Di Filippo. « Nous ne l’avons pas votée parce qu’elle vient du RN, mais parce qu’elle reprend à la virgule près quelque chose qu’on a défendu. Je ne vois pas où est le malaise », martelait le député à la sortie de l’hémicycle. Et de reprendre les arguments de l’extrême droite : « La détention de Boualem Sansal, le fait que l’Algérie refuse de reprendre ses ressortissants, même s’ils sont en situation irrégulière ou criminels, l’accès aux prestations sociales dès le premier jour (…). Je crois que le sens des intérêts de la France passe par une remise à plat de nos accords. »

« Le RN s’en fout de cet accord »

En Moselle, le député socialiste Belkhir Belhaddad confirme que « le droit à critiquer la situation diplomatique et le gouvernement algérien » n’est pas la même chose que « remettre en question l’amitié franco-algérienne ». Ancien président du comité d’amitié entre les deux pays au Parlement, il a vivement dénoncé une manœuvre politique du RN : « En réalité, le RN s’en fout de cet accord, c’est juste pour agiter les peurs d’une supposée vague d’immigration qui cible nos compatriotes. » Et de rappeler que « ce sont pour beaucoup des citoyens français, ils paient vos retraités, font souvent des boulots difficiles que d’autres ne veulent pas, ce sont aussi des médecins qui assurent la continuité du service public dans les hôpitaux ». Pour autant, le député prône une renégociation.

Face à lui, le député mosellan du RN, Laurent Jacobelli, a salué un « vote historique », comme le reste de son parti. C’est la première fois qu’un texte déposé et porté par le RN obtient un accord, contre les partis du centre à l’extrême gauche. « De l’extrême gauche à la macronie, personne ne veut agir contre l’immigration », dénonçait-il sur Boulevard Voltaire. « Pour eux, on ne peut plus rien faire, mais on peut faire quelque chose. Non, on n’arrive pas impunément en France quand on ne respecte pas nos lois. » Il ajoute sur X : « Grâce au RN, la France relève enfin la tête et met fin à des décennies d’aplaventrisme vis-à-vis d’Alger. »

L’accord franco-algérien de 1968, régulièrement au cœur des débats, fixe un régime particulier pour les ressortissants algériens en matière d’entrée, de séjour et de travail en France, plus avantageux que celui accordé à d’autres nationalités. Dans la foulée du vote, le Premier ministre Sébastien Lecornu a indiqué qu’il réfléchissait à une renégociation de cet accord, qu’il juge « daté » et « appartenant à une autre époque », afin de l’adapter aux réalités actuelles des relations entre Paris et Alger.

Jonathan Vaucher
Jonathan Vaucher
Journaliste Reporter d'Images / Présentateur

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